« Les conditions ne sont plus réunies pour recevoir les entreprises israéliennes sur le salon français, dans un contexte où le président de la République appelle à ce que les opérations israéliennes cessent à Rafah », indique à BFMTV le ministre des Armées.
Annulant leur invitation au salon Eurosatory, un salon international de défense et de sécurité terrestre qui ouvre ses portes le 17 juin. Une décision rendue publique le 31 mai quelques heures avant que le président Biden ne révèle qu’Israël avait présenté un plan de paix acceptant justement l’arrêt des opérations et le retrait de ses troupes dans le cadre d’un accord global permettant la libération de tous les otages et mettant fin au conflit. Faudrait-il croire que le Quai d’Orsay n’était pas au courant ? Ou qu’il n’a pas jugé bon d’informer le ministre des Armées ?
Il faut dire qu’après des semaines et des mois pendant lesquels la France, et elle n’est hélas pas seule, cherche à faire de l’État juif le seul responsable de la poursuite des hostilités – déclenchées on ne le répétera jamais assez, par l’attaque du 7 octobre – le plan, qui comprend des concessions considérables de la part de Jérusalem, les prend en porte-à-faux.
D’où quelques titres éloquents relevés dans les médias de l’Hexagone :
- Pour Le Monde, « Joe Biden, piégé par son soutien à Israël, tente de trouver une issue à la guerre à Gaza ». Vous avez compris : le président américain intervient pour tenter d’assurer sa réélection.
- Pour Le Figaro : « Joe Biden affirme qu’Israël a proposé un nouvel accord “global” de cessez-le-feu… ce que l’on sait du plan de paix pour Gaza proposé par Joe Biden. » Petite contradiction, de qui est ce plan au juste ?
- Quant à BFMTV, cette grande chaîne d’information annonce simplement que « Le Hamas considère positivement la nouvelle proposition de cessez-le-feu annoncée par Biden. »
On a compris : il y a là un effort concerté pour ne pas reconnaître et tenter d’occulter le fait que ce ne sont pas les États-Unis qui ont soumis cette proposition, mais Israël malgré tous les risques qu’elle comprend.
Des risques réels concernant sa sécurité, car difficile de croire que l’organisation terroriste qu’est le Hamas respectera ses engagements. Des engagements qui seraient garantis par le Qatar, selon Biden. On aimerait voir comment le petit émirat, bastion de la Confrérie des Frères Musulmans, assurerait réellement son rôle.
Des risques réels aussi concernant la stabilité d’un gouvernement de coalition dépendant de son aile la plus extrémiste – et la survie du Premier ministre.
Dans cet assaut de mauvaise foi, pour ne pas dire de parti pris, il y a quand même eu la courageuse prise de parole de la présidente de la Commission européenne, Madame Ursula von der Leyen, d’ordinaire si prompte à critiquer Israël : elle a salué quant à elle la feuille de route israélienne « réaliste », estimant qu’elle offrait « une réelle opportunité » de mettre fin à la guerre.