Pessa’h, la commémoration de la délivrance du Peuple juif

« Pessa’h » en hébreu (la « Pâque » juive, dont se sont inspirées les « pâques chrétiennes ») – débute cette année, dans toutes les communautés juives du monde, le vendredi 15 avril au coucher du soleil.

Cette fête dure 7 jours (en Israël), du 15 au 22 Nissan (Nissan est le premier mois du calendrier hébraïque et correspond avec la première pleine lune du printemps et à la première des trois fêtes de pèlerinage du calendrier juif).

Aucune fête juive ne demande une préparation aussi importante. Pessa’h est une fête chômée en Israël.

En Israël, comme en diaspora, Pessa’h est une grande fête familiale et l’occasion d’un repas rituel et traditionnel et elle est l’une des fêtes les plus observées au sein du Peuple juif.

Pessa’h est la fête du calendrier juif qui commémore la délivrance du Peuple hébreu qui a été en esclavage en Égypte au pays des Pharaons au cours d’un exil de 210 ans où il a subi les pires supplices.

Cette fête commémore aussi le passage de l’Ange de D.ieu qui, selon la Torah, a épargné les enfants des Hébreux de la dixième plaie de la mort des premiers-nés infligée aux Égyptiens.

A noter que la veille de Pessa’h (vendredi 15 avril 2022), un jeûne des premiers-nés juifs a été institué en souvenir et en signe de reconnaissance pour rappeler que l’Ange de la mort (Ex 12,27) épargna les premiers-nés juifs.

L’étymologie du nom de cette fête vient du verbe « Pessa’h » qui signifie en hébreu « sauter au-dessus » pour rappeler que, lors de la dixième plaie d’Égypte, la mort « sautait » au-dessus des maisons des Hébreux pour ne frapper que les premiers-nés égyptiens.

La sortie d’Égypte et la longue traversée du désert par 600.000 Hébreux adultes avec leurs familles sont relatées dans les Livres de l’Exode, du Lévitique, des Nombres et du Deutéronome.

Cette fête porte aussi dans la tradition juive plusieurs noms : ‘Hag haAviv (la « fête du printemps »), ‘Hag haPessa’h (la « fête du passage »), ‘Hag haMatsoth, (la « fête des azymes » (pain sans levure) et Zmane ‘Hèroutènou (le « temps de notre Liberté ») en souvenir de la sortie d’Égypte sous la conduite de Moïse (Moshé) qui a été l’événement fondateur du judaïsme et qui est rappelé quotidiennement dans la liturgie juive.

En quoi consiste la célébration de Pessa’h ?

Les symboles sont nombreux que l’on retrouve sur le plat spécifique de la table du Séder (ce qui signifie « ordre »,« ordonnancement »).

Nous en présentons succinctement les grandes lignes.

Les rites associés à Pessah sont : l’interdiction de manger et de conserver toute nourriture contenant du levain (’Hametz), le commandement de manger des matzot, c’est-à-dire du pain n’ayant pas levé (azyme) et de procéder au récit de la sortie d’Égypte ainsi que l’évocation des miracles qui s’y sont déroulés (Haggada de Pessa’h).

D’où la recherche du « ‘hamets » et son élimination de tout aliment (boisson ou tout autre produit fait à partir de blé, d’orge, de seigle, d’avoine, d’épeautre ou de leurs dérivés, qui a levé ou fermenté), l’interdit d’en consommer, d’en tirer profit ou de l’avoir en sa possession pendant la durée de « Pessa’h ». C’est pour cette raison qu’il est procédé à un ménage complet de son habitation et de tous les lieux domestiques.

Les Sages du judaïsme expliquent que pour revivre la Libération d’Égypte, il (nous) faut éradiquer le ‘hamets de son âme, car il représente ce gonflement de l’ego ou l’orgueil qui asservissent l’âme juive, plus que nulle autre prison physique ne saurait le faire.

La matsa (le « pain pauvre »), plate et sans prétention, symbolise l’humilité et l’effacement qui sont les véritables clés pour libérer l’esprit humain.

Le déroulement de cette soirée suit un ordre bien établi.

Selon le commandement biblique, le Séder de Pessah débute juste après la tombée de la nuit qui est l’anniversaire de l’exode miraculeux de la nation juive de l’esclavage égyptien, il y a plus de 3000 ans (en 1280 av. EC.).

Lors du déroulement du Séder, chaque personne doit ressentir émotionnellement cet instant comme s’il sortait lui-même, à titre personnel, d’Égypte.

L’Égypte qui en hébreu signifie «limites, étroitesse, dépression».

Le soir de Pessah est appelé «Leil Chimourim» – «la nuit de garde de D.ieu.»

C’est un moment dans le temps où, à nouveau, D.ieu désire la rédemption du Peuple juif et n’exige rien en retour. C’est une occasion de ressentir la présence aimante de D.ieu (nous) protégeant de tous les dangers.

La nuit de Pessa’h est différente des autres nuits, car elle est mystique, sacrée, symbolique et riche en coutumes et traditions. Chaque détail revêt une grande importance.

Le repas du Séder commence par la récitation du Kiddouch (sanctification) qui proclame la sainteté de la fête et se pratique en tenant un verre de vin (le vin qui est un symbole de joie et de bonheur) de la main droite, le premier des quatre verres qu’il convient de boire jusqu’à la clôture du Séder.

Que nous l’écoutions ou que nous récitions le Kiddoush, il faut avoir à l’esprit le respect de deux Mitzvot (commandements) durant la bénédiction du Kiddoush :

Une cinquième Coupe de vin est réservée au prophète Elyahou, ce qui est une manifestation de la foi du Peuple juif : tout comme D.ieu a délivré le Peuple juif de l’esclavage en Égypte, il enverra de la même manière le prophète Elyahou annoncer la Rédemption et la fin de l’Exil, physique et spirituel : «Je vous amènerai dans la contrée que J’ai solennellement promise à Avraham, à Ytzhak et à Yaacov» (Exode 6:8).

Le Séder commence par l’histoire des Patriarches (Abraham, Isaac et Jacob), et par le récit de la descente du Peuple juif en Égypte, en rappelant leurs humiliations, leurs souffrances et les persécutions qu’ils subirent.

On revit cet instant lorsque D.ieu envoie les dix plaies (les eaux du Nil changées en sang, l’invasion de grenouilles, la vermine, les mouches ou animaux sauvages, la peste s’abattant sur le bétail, les ulcères couvrant la peau des hommes et du bétail, la tempête de grêle, les sauterelles, trois jours de ténèbres et la mort des premiers-nés égyptiens) pour punir Pharaon et sa nation qui refusent de libérer le Peuple hébreu, et nous suivons les Hébreux quand ils quittent l’Égypte et traversent la Mer des Joncs.

Nous voyons la main miraculeuse de D.ieu au moment où les eaux s’ouvrent, permettant aux Israélites de passer au travers, puis lorsqu’elles se referment sur les légions égyptiennes. Au fur et à mesure du rituel, alors que nous mangeons des aliments amers d’affliction et de pauvreté, l’Exode prend un goût de réalité.

Durant le récit de la Haggadah de Pessa’h (le récit de la délivrance d’Égypte), tous les convives doivent être conscients de remplir l’obligation de raconter et d’écouter l’histoire de la sortie d’Égypte.

La Mitzvah est accomplie en relayant les trois idées suivantes :

En buvant les quatre verres de vin, certains relient ce fait aux quatre grands mérites que les enfants d’Israël eurent en exil : Ils ne changèrent pas leurs noms hébraïques, ils continuèrent à parler leur langue, l’hébreu, Ils conservèrent une haute moralité et ils restèrent fidèles et solidaires les uns aux autres.

Principales étapes du Séder

Le Séder est constitué de 15 étapes, chacune identifiée par un nom spécifique et c’est dans cet ordre-là que toutes les communautés d’Israël et de diaspora procèdent le soir de Pessa’h, comme cela est indiqué dans les différentes Haggadot (textes de narration) dans lesquels il est expliqué de façon méthodique comment célébrer et suivre le Séder de Pessah’, selon un même processus malgré leurs différences.

Les trois Matsot (pain azyme) sur le plateau du Séder représentent l’ensemble du Peuple juif : Les Cohen, les Lévi et Israël.Les quatre coupes de vin (ou de jus de raisin) ont pour fonction symbolique de célébrer la liberté retrouvée qui représentent quatre étapes vers la liberté : « Je te délivrerai », « Je te sauverai », « Je te libérerai et je « Je te prendrai pour Moi comme peuple. » (Exode 6:6-7).

Une cinquième coupe de vin (ou de jus de raisin), avant de faire la bénédiction après le repas, est symboliquement réservée pour le prophète Elie supposé venir visiter spirituellement chaque maison juive en ce soir du Séder.

Le soir de Pessa’h, chaque individu a l’obligation de consommer Manger de la matsa (pain azyme), du Maror (les herbes amères sous la forme de feuilles de laitue ou équivalent) en quantité de Kazaït (27 g) pour se rappeler le gout de l’amertume de la condition de l’esclavage subi par les Israélites.

Pourquoi mangeons-nous de la Matsa pendant 7 jours ?

Parce que les Israélites quittèrent l’Égypte dans une telle hâte que le pain qui devait leur servir de provision pour la route n’eut pas le temps de lever. C’est la raison pour laquelle nous mangeons la Matsa qui est un «pain pauvre». Mais les commentateurs donnent des raisons plus profondes de cette chasse au symbole du hamets : il s’agit de chasser de soi l’orientation vers le mal, le Yétser Hara (mauvais penchant), l’orgueil, c’est-à-dire tout ce qui (nous) empêche de se conduire selon les préceptes (de la Torah).

La lecture de la «Haggadah de Pessah» (livre de rituel de Pessa’h) est le texte qui relate l’histoire de la sortie d’Égypte dans les détails.

Choulh’an ‘Ore’h (la consommation du repas)

La table doit être dressée le soir de Pessah’, et l’on doit prendre le repas dans la joie, car les Juifs fêtent leur libération, mais sans exubérance, en souvenir des multiples souffrances que le Peuple juif a enduré en Égypte. C’est pourquoi Pessah est une fête de la mémoire, de la persécution par un pharaon, un führer, un tzar ou un tyran qui veut l’extermination, l’expulsion, la rétrogradation du peuple juif. En chaque nuit de Pessah non seulement nous rappelons nos souffrances anciennes, mais aussi les plus récentes.

Car même dans les pires épreuves comme le peuple juif en a connues de nombreuses, que ce soit en pleine guerre, dans la misère et la privation, les Juifs ont toujours tenu à respecter la signification de Pessah, qui symbolise la délivrance et par excellence de la mémoire. Elle nous met en garde contre la tentation constante et redoutable de l’oubli qui prive l’histoire de son sens. Pour le peuple juif l’injonction de se souvenir est ressentie comme un impératif : Le souvenir est un appel à la responsabilité et à la vigilance.

C’est pourquoi le peuple juif est le peuple de la mémoire et c’est cela qui participe à le rendre indestructible.

Quel est le moment le plus important du Séder de Pessah ?

Le moment le plus important du «Séder de Pessah» est celui où les convives sont en mesure de chanter (quand cela leur est possible) la «Haggada de Pessah» sur le même air que celui de ses ancêtres chantaient, selon les rites de chaque communauté, et ainsi de génération en génération, ce qui suppose l’acte de transmission du judaïsme et de ses traditions.

Les enfants, dès 5 ou 6 ans, sont incités à tenter de respecter les mitzvot (commandements) du Séder, et au mieux de lire et de chanter avec les adultes.

Le père (ou un adulte) doit raconter l’histoire de l’esclavage et de l’Exode à ses enfants.

La Haggadah de Pessa’h renforce ce point en décrivant quatre profils de fils auxquels l’on peut être confronté en famille : 1/ L’enfant sage (celui qui sait questionner et raisonner), 2/ le pervers (celui qui s’exclut de son peuple et le railleur), 3/ l’ignorant, celui qui ne sait pas et 4/ le simple d’esprit (à qui il faut répondre selon son niveau) qui ne veut pas ou ne peut pas se questionner.

Il y a un devoir de réciter – et de comprendre comme cela a été enseigné : « Quiconque n’a pas expliqué ces trois choses à Pessah n’a pas rempli son obligation, à savoir :

Les derniers jours de Pessa’h

Le septième jour de Pessa’h, la mer s’ouvrit devant les Hébreux qui parvinrent définitivement à la liberté et (nous) ouvre à une liberté encore plus grande, car il est consacré à notre Délivrance finale par la venue de Machia’h (le Messie).

Suivant la coutume instaurée par le Baal Chem Tov, le fondateur du ‘Hassidisme, Pessa’h se conclut par la «Séoudat Machia’h», le « banquet du Messie ». Les femmes juives allument les bougies de la fête avec une seule bénédiction.

Ce soir-là, l’ordre naturel des choses fut inversé. Au lieu que le peuple juif se tourne vers D.ieu pour qu’Il les libère, D.ieu se présenta à eux à un moment où ils n’y étaient pas du tout préparés, se trouvant au plus bas niveau spirituel possible.

Cette relation d’amour singulière que le Peuple juif partage avec D.ieu fut forgée en cette nuit de Pessah, la nuit où ils quittèrent l’Égypte.

C’est l’élément central de notre accès au statut de nation, la relation d’amour inconditionnel entre D.ieu et Son peuple.

Ainsi, la Torah demande au peule juif d’instaurer la fête de Pessa’h pour toutes les générations à venir : «Ce jour sera pour vous une époque mémorable et vous le solenniserez comme une fête de l’Éternel, d’âge en âge, à jamais, vous le fêterez.»

Puis, la mitsva de consommer de la matsa est mentionnée, ainsi que la durée de cette célébration : «Sept jours durant, vous mangerez de la matsa».

La Récitation de «Shir HaShirim» (Chant des chants de louanges)

Il est d’usage de réciter Shir HaShirim après le Séder qui est un chant allégorique décrivant le lien de dévotion mutuelle existant entre D.ieu et le Peuple juif.

Après avoir récité le Hallel, la bénédiction sur le vin et bu le quatrième verre, accoudés les convives récitent la formule «Leshanah habaah biYeroushalayim – «l’an prochain à Jérusalem !», même pour ceux qui vivent déjà en Israël.

C’est dire que le retour en Eretz Israël (Terre d’Israël) ne désigne pas uniquement un retour physique, mais aussi un retour spirituel.

NB : Un «Pessa’h chéni» (second Pessah) est envisageable pour les Juifs empêchés de célébrer la fête à la date normale.

Notons aussi que dès le deuxième soir de Pessah, il est compté 49 jours (Le compte de l’Omer) jusqu’à la fête de la fête de Chavouot (7 semaines), jusqu’au jour où la Torah fut donnée au Peuple juif au mont Sinaï.

! חג פסח סאמה

Hag Pessa’h saméah à tout le Peuple juif !

© Schlomo Goren pour Israël 24/7.org. Diplômé en sociologie, en Sciences de l’Education et en psychologie. A exercé de nombreuses années en France comme Intervenant indépendant dans tous les secteurs (éducatifs, prisons, psychiatrie, etc.) sur les problèmes de violence.

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