Nous, juifs de France, avons cru en la France. Nous avions tort

Chers amis, je me permet aujourd’hui de reprendre la célèbre formule du grand historien juif Marc Bloch.

Marc Bloch qualifiait ainsi l’effondrement militaire de l’armée française en 1940, sans omettre d’aborder la décadence politique qui avait conduit la France au désastre.

En juin 2025, je ne sais par où commencer, tant les signes patents d’un effondrement de la « maison France » sont nombreux.

Inutile de démarrer un inventaire des lâchetés et turpitudes des responsables de ce pays, à de rares exceptions près, les « élites » touchent le fond de la compromission et de la bassesse.

Certes, la fameuse « politique arabe de la France » nous avait accoutumés, depuis 50 ans, à observer un interminable carnaval antisioniste, orchestré par les rouages profonds de l’État pour, dit-on, favoriser l’arrivée du pétrole et des travailleurs corvéables si chers à notre patronat.

Nous, juifs français, étions capables, malgré tout, de subir les mesquineries et les affronts de la « giscardie », la grossièreté de la « chiraquie », ou la duplicité glauque chère à Mitterand et nous nous habituions tant bien que mal, à persister, et à accorder tout le respect à cet État si peu respectueux.

Plus de 40 années de méchanceté, de sournoiserie, de coups tordus orchestrés avec les grands amis qataris nous furent infligées, alors que Crif et consistoire restaient sur les traditionnelles positions du judaïsme français : respect scrupuleux des autorités, strict suivi des lois républicaines, et finalement, maintien d’une neutralité frisant la passivité.

C’est donc, quasi seul que le corps de la communauté a dû affronter ces terribles années : Nous avons survécu tant bien que mal aux trahisons grandiloquentes, à l’ignorance prétentieuse d’une certaine pseudo-intelligentsia tricolore, aux sous-entendus vexatoires, aux accès de haine mal contenus par un flot de bêtise crasse : oh oui de la bêtise en quantité industrielle, de la bêtise comme s’il en pleuvait.

Le tout étroitement mêlé à la jalousie, cette jalousie de ceux pour qui l’antisémitisme est un bâton de maréchal, engoncés qu’ils sont dans une gangue de médiocrité si épaisse qu’elle laisse difficilement passer l’air.

Bref, nous les juifs de France, nous tous, dont les parents ou grands-parents ont, presque sans exception, connu les expulsions, les spoliations sous d’autres cieux moins accueillants ; nous avons courbé l’échine et travaillé dur pour reconstruire une énième génération à peu près indemne, une génération heureuse « comme Dieu en France », une génération de français juifs.

Nous avons fait semblant de ne pas entendre, nous avons préféré suer et transpirer en pensant à nos enfants, en leur donnant tout, et parfois même plus encore pour les préserver, pour les propulser, pour servir ce grand pays qui nous avait accueillis, en essayant de ne citer que les grands Français, ces géants qui nous avaient tant inspirés, en faisant mine de ne pas entendre les vociférations des vauriens et les compromissions grandissantes de ceux auxquels nous avions lié notre destin.

Nous, les juifs de France, ne regardions que les tenants de la République auxquels nous accordions toute confiance en choisissant d’oublier les saillies ignobles des fils de pétainistes qui, inexorablement, sortaient de la fange.

Malheureusement, la réalité a eu raison de nos illusions, pourtant solidement ancrées, désormais, nos parents issus de la guerre et de la Shoah, et nous les juifs du baby-boom, nous savons, nous savons que nous nous sommes trompés : nous pensions dur comme fer fabriquer enfin une génération de juifs heureux, sereins, citoyens, français, et permettre à nos enfants d’échapper aux rafles, aux expulsions, aux spoliations, à la haine gratuite sur cette belle terre de France, aux côtés de nos chers concitoyens, enfin d’égal à égal, à l’abri des 3 mots que le monde nous envie « liberté égalité fraternité ».

Les premières campagnes ouvertement antijuives du début des années 2000 nous avaient pourtant un peu alertés ; la montée vertigineuse de la propagande antisioniste avait déchaîné un monde médiatique étrangement unanime, mais ce n’était qu’un début, un tout petit début.

S’ensuivirent les discours scabreux, le basculement de la gauche associée à la puissance montante de l’islamisme conquérant, le naufrage de la droite, la dissolution de l’ordre, puis, logiquement, les agressions, les meurtres et toutes les exactions qu’un pouvoir sournois et implicitement complice tentait de passer sous silence.

Silence ! Voici le mot ! Le maître mot qui désigne la place qui, progressivement devient la nôtre, la place des silencieux, ceux qui n’ont plus droit à la parole, ceux qui gênent parce qu’ils existent.

Mais tout cela n’était qu’une « mise en bouche », car le 7 octobre 2023, le pogrom du Hamas est venu jouer un rôle d’accélérateur pour ce processus de désintégration de notre communauté, et, effectivement, dès le 8 octobre, nous, juifs français avons reçu une leçon cinglante qui laissera une trace rouge indélébile et permanente dans nos esprits et dans nos cœurs.

Alors que chaque juif prenait connaissance des détails insoutenables de cette orgie de mort orchestrée par les nazi-islamistes, alors que chacun d’entre nous attendait un mot, juste un mot de compréhension venant de nos frères « républicains », nous eûmes droit à la version locale des bacchanales morbides du Hamas, la veulerie des uns s’ajoutant tristement à la haine des autres.

Aux manifestations de soutien aux nazis-islamistes ponctuées de cris de mort, succédèrent les forfaitures des gouvernants, les insultes tous azimuts, les comportements et paroles indignes, les saletés venues des plus grands, de ceux qu’on croyait hors de la meute, bref ce torrent d’ordures nauséabondes venu des tréfonds d’une société finissante nous a presque ensevelis, presque…

Nous savons aujourd’hui, que non, décidément non, aucune génération ne sera épargnée, ceux qui pensaient avoir trouvé dans ce pays, naguère si beau, un havre de paix en seront pour leurs frais.

D’ici aussi, il faudra partir, il faudra quitter sa maison, parfois pour la deuxième fois en une vie pour les plus anciens d’entre nous, parfois dans les larmes, peut-être dans la panique si l’insécurité délirante continue à croître parallèlement aux campagnes antijuives incessantes.

Nous n’oublierons pas, malgré tout que, du fond de l’obscurité de cette République décadente, au-delà de la suffisance médiocre de dirigeants collabos, de grands Français se sont dressés avec courage et honneur pour tenter de s’opposer à la vague honteuse :

Merci, mille fois merci, merci du fond du cœur à Céline Pina, Philippe Val, Ivan Rioufol, Laurence Ferrari, Yohann Usaï, merci à la formidable équipe de CNews qui ne nous lâche pas une seconde,

Merci Michel Onfray, merci Philippe de Villiers, merci à tous ces Français non juifs qui se sont dressés pour défendre l’humanité sans tenir compte des risques encourus dans cette France déliquescente qui sombre dans la barbarie sous nos yeux médusés.

Merci à tous, même si, comme l’a écrit un autre juif en 1940 : c’est « trop peu et trop tard ».

Thierry Amouyal
Israël, juin 2025

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