Lettre ouverte au président du FSJU au sujet de la dérive inquiétante du site Akadem

Akadem

Cher Monsieur Goldman,

Akadem étant sous l’égide du Fond Social Juif Unifié, permettez-nous de nous adresser à vous, Président de cette institution indissociable du judaïsme de France.

 Nous sommes un groupe de personnes particulièrement soucieuses depuis plusieurs années par la dérive préoccupante d’Akadem, dans le choix de ses invités et la façon de traiter les thèmes, sans mentionner le fait que le pluralisme et les droits de réponse n’y sont plus de mise.

Tout d’abord, en lien avec l’actualité la plus brûlante : l’historien Vincent Lemire s’y est vu promouvoir sa bande dessinée sur l’histoire de Jérusalem dans une interview complaisante par Steve Jourdin. Cette BD vendue à plus de 280 mille exemplaires en France présente des contenus problématiques frisant l’antisémitisme. A tel point que le CNRS lui a demandé de ne plus mentionner avoir été l’un de ses collaborateurs. Une maison d’édition israélienne censée publier la version hébraïque de cette BD a avorté le projet pour la raison susmentionnée. Cette interview diffusée d’abord en 2023, a été remise en ligne le 21 février dernier1 alors que depuis le 07/10 Vincent Lemire est l’une des personnes les plus sollicitées pour des débats et des interviews dans les médias français où il n’a pas manqué de proférer de la désinformation systématique sur Israël, pays dont il serait censé être un expert de son histoire.  

En outre la récente tribune parue dans le Monde par Vincent Lemire et par Arié Alimi2, l’avocat de LFI, qui soulève actuellement un tollé, ne laisse point la place au doute.

Un autre historien, pourfendeur d’Israël, Jean-Pierre Filiu, a également bénéficié d’une interview complaisante sur Akadem, toujours par Steve Jourdin3.

Il est affligeant que des figures de premier plan du militantisme pour la démonisation d’Israël atteignant des summums sans précédent aujourd’hui aient bénéficié d’un tel traitement de faveur et d’un tel écho sur Akadem. Il y a tout du moins lieu à ce que la contradiction, voire l’objection, leur soient opposés et que l’internaute en soit averti.  Les voix souhaitant s’exprimer dans ce sens ont été écartées.

Un autre exemple parmi tant d’autres. Lors de la polémique sur la réforme judiciaire en Israël qui défraye la chronique, et consécutivement, les attaques en ordre sur la majorité israélienne, aucun porte-parole francophone susceptible de défendre ce dossier n’a été interviewé, ni n’a pu intervenir. Les débats sur ce thème ont été menés de surcroît en anglais par la journaliste Léa Berdugo interviewant un chercheur anglophone Jesse Weinberg4 ou un juriste, le professeur Barak Médina de l’Université hébraïque de Jérusalem5, un vif opposant à la réforme du Gouvernement Netanyahou. Il est tout à fait louable que de tels avis soient entendus. Or, pour l’équilibre, il ne manque pourtant pas de commentateurs ou de juristes francophones en Israël (plusieurs centaines) en mesure d’émettre une argumentation pertinente et ainsi d’offrir à l’internaute la possibilité d’être exposé à la thèse et à l’antithèse pour se faire une opinion par lui-même.

Suite aux évènements du 7 octobre, Akadem a été comme pétrifié et a réagi sans conviction et de façon très mitigée, pour le moins qu’on puisse dire, à l’offensive médiatique alors que cette dernière portait en elle l’embrasement antisémite actuel. D’ailleurs, une personnalité liée à la création d’Akadem nous l’a fait remarquer tout en le déplorant, notamment sur le débat portant sur les accusations contre Israël sur la scène juridique internationale : « un juriste qui au lieu de montrer le caractère politique des plaintes devant les juridictions internationales noyait le poisson avec des arguties juridiques sans intérêt »

Un entre-soi fermé d’un milieu très restreint et déconnecté semblerait être à la source de cette dérive.

Le manque patent de conviction sur Akadem, de pluralisme, d’ouverture à des tendances culturelles et à des sensibilités auxquelles s’identifie parfois la majorité juive d’expression française, sont pour le moins sidérantes alors que le peuple juif est réputé pour son inclinaison atavique au débat et à l’échange, mêmes rudes.

 Les tentatives d’appels au dialogue, les suggestions, les demandes de droits de réponse, ont été rejetées par les responsables d’Akadem avec dédain, dans le meilleur des cas. Tout ceci est documenté.

Monsieur Goldman, nous sommes certains que vous serez sensible à notre préoccupation pour cet organe culturel si important de la communauté juive, Akadem, dont la création en l’an 2000 était censée, entre autres, corriger la désinformation sur Israël.

Cordial shalom

Signataires :

  1. Akadem.org/jerusalem-ne-se-resume-pas-a-ses-conflits ↩︎
  2. Le Monde.fr/ ↩︎
  3. Akadem.org/magazine/2019-2020/netanyahou-face-a-l-histoire ↩︎
  4. Akadem.org/israel-devoile-son-talon-d-achille ↩︎
  5. Akadem.org/une-croisade-contre-la-democratie ↩︎
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