Les « lignes rouges » de Bibi et de Biden

Le président américain Joe Biden et le Premier ministre israélien Netanyahou se seraient communiqué leurs « lignes rouges » respectives à ne pas dépasser concernant la guerre à Gaza.

Que l’administration Biden veuille renverser Netanyahou est une vieille histoire. Elle a commencé en novembre 2022, quelques jours après son élection. Les jeunes gauchistes qui font fonctionner la Maison-Blanche ont en travers de la gorge la présence de partis « d’extrême droite » religieux dans la coalition israélienne. Ils n’avaient aucun problème avec les islamistes de la coalition Lapid Bennet, et certainement encore moins avec l’extrême gauche.

Qu’elle veuille faire tomber Netanyahou par le biais de manifestations bloquant le pays n’est pas non plus une nouveauté, même si beaucoup ignorent que toutes les manifestations en Israël autour de la réforme judiciaire se sont déroulées avec la bénédiction de l’administration Biden, voire plus encore – puisque toute la lumière n’a pas encore été faite sur l’abondance des fonds qui ont permis les coûteuses campagnes publicitaires de protestations, les podiums en plein air tous les samedis pendant presque un an, professionnellement sonorisés comme pour des concerts, et les salaires des membres des groupes de pression.

Il est juste de penser que le Hamas s’est senti encouragé par cette ambiance délétère, saisissant son moment pour perpétrer le plus grand holocauste contre les Juifs depuis la Seconde Guerre mondiale.

Et les Juifs continueront à voter pour cette administration démoniaque et maléfique.

La ligne rouge de Biden, c’est Rafah.

Plusieurs médias israéliens reprennent une information du site de gauche Axios, selon laquelle l’administration Biden aurait dit à Netanyahou que si Israël poursuivait son invasion terrestre dans la ville de Rafah, au sud de la bande de Gaza, les États-Unis pourraient décider d’imposer des restrictions à Tsahal, notamment en interdisant l’utilisation d’armes américaines à Gaza, et en revenant sur leur défense d’Israël aux Nations unies. Tsahal aurait également ressenti un ralentissement dans la livraison d’armement et de munition.

La ligne rouge de Bibi : la protection du peuple juif.

Chaque conflit déclenché par Gaza au cours des 15 dernières années a connu le même scénario : Gaza tire des milliers de roquettes sur les villes israéliennes ; Tsahal bombarde Gaza en retour ; les pressions internationales s’activent contre Israël pour lui faire accepter une trêve ; Netanyahou promet d’aller jusqu’au bout ; et quelques jours plus tard, alors que Tsahal a le dessus, il donne l’ordre de tout arrêter, laissant le Hamas, avec ses capacités de destruction, recommencer deux ans plus tard. Pourquoi ?

Parce que les hauts-responsables de la sécurité et de l’armée israélienne expliquent qu’une intervention dans Gaza est impossible. Ce serait un bain de sang pour Israël. Gaza est infesté de terroristes, la bande de Gaza est imprenable car la guérilla urbaine est un cauchemar militaire, et le Hamas, avec ses tunnels, ses attentats suicides, l’emploi de boucliers humains, et la supériorité stratégique de sa connaissance de chaque recoin du terrain, mènerait vers une guerre asymétrique qui serait fatale pour Israël.

Soit ils mentaient, soit leur mode opératoire est imprégné d’une idéologie progressiste et pacifiste, soit ils surestimaient la force de l’ennemi. Le 7 octobre a montré qu’ils sous-estimaient les capacités d’attaque du Hamas, et pensaient que Sinwar était engagé dans la voie du changement économique. Les près de 5 mois de guerre ont montré la foudroyante supériorité de Tsahal, et surtout que le nombre de soldats tombés au combat est extrêmement faible – du jamais vu selon les experts militaires.

Cette fois, Netanyahou tient bon. Il a promis qu’il ne s’arrêterait pas tant que le Hamas ne sera pas totalement éliminé. Qu’il ira jusqu’à la victoire totale. Et la victoire totale passe par Rafah, le dernier bastion du Hamas. Epargner Rafah, c’est épargner le Hamas, c’est lui permettre de reprendre le contrôle de Gaza, c’est recommencer le cycle infernal des milliers de tirs de roquette, c’est un nouveau 7 octobre en pire, c’est perdre la guerre. C’est la ligne rouge du Premier ministre, et cette digue tient toujours face aux pressions internationales.

Plus vite Tsahal lancera l’offensive dans Rafah, moins les pressions feront craquer la ligne rouge.

Sur Fox News, Benjamin Netanyahou a encore déclaré : « Aucune pression internationale ne nous arrêtera. » Quid des pressions internes ?

Les hauts-dirigeants de Tsahal obéiront-ils aux ordres, alors qu’il est dans leur tradition de se considérer au-dessus des politiciens ? Qu’attendent-ils ?

© Jean-Patrick Grumberg pour Israël24 7.org

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