Le président d’Israël censé être neutre, viole les règles, s’associe à l’opposition, et attaque la réforme judiciaire

Président Isaac Herzog

Le président Itzhak Herzog a enfreint toutes les règles pour tenter de s’approprier des pouvoirs auxquels il n’a pas droit. Ce socialiste, ancien président du parti travailliste Havoda – pardonnera-t-il jamais Benjamin Netanyahou de l’avoir battu lors de la campagne électorale de 2015, avec 30 mandats pour le Likoud contre 24 pour Havoda ?

Quoi qu’il en soit, il a pris la parole sur les ondes jeudi soir pour ajouter sa voix aux ennemis de Netanyahou à gauche, « exigeant » que la coalition majoritaire « abandonne entièrement » sa législation sur la réforme judiciaire. Plus que de la chutzpah, c’était de la sédition.

Après la création de l’État, David Ben Gourion s’est opposé à l’institution même de la présidence, mais il a cédé à son rival Haïm Weizmann, après que ce dernier eut réussi à convaincre le président Harry S. Truman de reconnaître l’État d’Israël, de rejeter le plan britannique visant à rayer le Néguev de la carte d’Israël et d’accorder à ce dernier le prêt dont il avait si cruellement besoin.

Le Premier ministre n’avait tout simplement pas le choix, Weizmann – l’homme d’État sioniste le plus âgé, responsable de la déclaration Balfour – devait être récompensé. Mais Ben-Gourion refusa catégoriquement d’accorder le moindre pouvoir aux présidents israéliens.

Le premier président en fit immédiatement l’expérience lorsqu’en novembre 1948, il voulut envoyer un télégramme à Truman pour lui demander des armes américaines. Ben Gourion s’y opposa et écrivit à Weizmann :

« Il est souhaitable d’avertir le président qu’il ne peut pas négocier avec le président des États-Unis… »

Par la suite, Ben Gourion s’est efforcé de priver la présidence de tout pouvoir, et des générations de présidents israéliens ont obéi à ces contraintes.

Jusqu’à hier soir.

Hier soir, le président Herzog a alerté les grandes chaînes de télévision qu’il avait quelque chose d’important à dire sur la situation en Israël, et elles ont toutes braqué leurs caméras sur lui, évidemment : elles appartiennent au même camp politique, et elles militent contre Netanyahou depuis des années.

Herzog n’a pas hésité à prendre parti dans la lutte politique entre la majorité du pays, qui dispose de 64 mandats à la Knesset.

Il a déclaré :

« L’ensemble de la législation actuellement discutée en commission doit être rapidement retirée de ce monde. Elle est mauvaise, elle est prédatrice et elle sape nos fondements démocratiques. Par conséquent, elle doit être remplacée immédiatement par un autre projet convenu d’un commun accord ».

Son intervention était-elle prévue de longue date, ou a-t-elle été récemment décidée comme dernier recours, voyant que les émeutes, les menaces, la violence, le blocage du pays, l’appel à l’administration Biden, les dénonciations d’intellectuels divers et variés, le boycott de certaines entreprises High tech, et le refus des réservistes de l’armée de l’air ayant échoués ?

Ce qui est certain, c’est que le président Herzog, en homme éduqué, a menti. Il a lu le projet de loi, il sait que rien dans la réforme ne porte atteinte à quoi que ce soit, si ce n’est à la tyrannie incontrôlée d’une Haute Cour qui s’est placée au-dessus des autres branches du gouvernement sans la moindre légitimé électorale.

Et qui a donné au président l’autorité pour juger la législation de la Knesset ?

Selon La loi fondamentale : Le président :

De qui le président Herzog a-t-il obtenu l’autorisation d’interférer dans le travail des législateurs élus du pays ? De la même source que la Haute Cour, qui a pris le pouvoir d’interférer avec la Knesset et le gouvernement : de personne – ils l’ont tout simplement pris parce qu’ils sont de gauche, et que la gauche a dans ses gênes, dans son ADN, l’esprit de la dictature.

Contrairement à la Haute Cour, qui a organisé sa prise de contrôle sur la démocratie du pays, a saisi l’autorité qu’elle n’avait légalement pas, sur une durée de plus de trente ans, le président Herzog l’a fait du jour au lendemain. Parce qu’il sait que les médias le protègent et qu’il ne risque rien.

À Rome, après le discours de M. Herzog, M. Netanyahou a annoncé :

« En ces jours de controverse et de débat au sein de l’État d’Israël, nous devons nous rappeler que nous sommes membres d’une seule nation, d’un seul passé et d’un avenir commun. Nous pouvons et devons résoudre ces différends, tout d’abord en apaisant les esprits, et ensuite en nous efforçant de parvenir à des compréhensions et à des accords. En ce sens, je salue toutes les initiatives, y compris celle du président ».

En langage Netanyahou, cela veut dire que le ministre Levin et le président de la commission constitutionnelle Rothman, du sionisme religieux, doivent continuer à faire avancer la réforme judiciaire, afin que d’ici le 27 mars, date de la fin de la session d’hiver de la Knesset, au moins une partie de la législation devienne la loi – et nous surveillerons avec grand intérêt la réaction de la Haute cour, qui n’a pas encore montré ses muscles légaux.

© Jean-Patrick Grumberg pour Israël 24 7.org

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