Il y a une chose que fait à merveille Amichai Chikli, le ministre de la Diaspora, et c’est de dénoncer les juifs post-sionistes, les juifs antisionistes, les juifs progressistes et les juifs de gauche qui se disent pro-israélien, et passent leur vie à calomnier Israël, si ce n’est pas défendre les « Palestiniens ».
Chikli fait ça à merveille.
Depuis sa prise de fonction il y a environ six mois, le ministre Chikli a notamment réussi à :
- contrarier de nombreux juifs de gauche aux États-Unis qui n’ont pas apprécié ses déclarations sur la question des juifs réformés,
- dénoncer le lobby de gauche J-Street pour ce qu’il est : un faux nez qui s’intéresse principalement au sort des Arabes de la région, et ne rate jamais une occasion pour critiquer Israël.
- accuser le milliardaire juif George Soros d’être l’antisioniste le plus virulent, le plus pervers et le plus actif contre l’Etat d’Israël,
- porter des jugements très sévères sur les organisateurs des manifestations contre la réforme judiciaire en Israël.
- se déclarer contre « l’idéologie progressiste », et ses propos sur la Gay parade de Tel-Aviv, qu’il a qualifiée de « vulgarité honteuse » ont également suscité de vives réactions chez de nombreux juifs américains de gauche et d’extrême gauche.
Comme je le dis, il milite très bien…
Rebelotte à Washington
Lors de sa visite aux États-Unis il y a environ deux semaines, M. Chikli a rencontré à Washington un groupe d’une dizaine de parlementaires juifs du parti démocrate – certains appartenant à l’aile la plus à gauche du parti – l’extrême gauche américaine pour dire les choses – et d’autres étant des centristes plus modérés – la majorité silencieuse et passive du parti démocrate qui a laissé les extrémistes en prendre le contrôle et dicter sa politique.
Peu après le début de la réunion, M. Chikli a déclaré aux membres du Congrès : « Je ne suis pas progressiste. Je ne suis pas progressiste, je ne suis pas Woke ».
Ses mots ont irrité quelques personnes dans la salle, car les progressistes sont mécontents que le terme « Woke » soit devenu une arme entre les mains de la droite américaine contre le parti démocrate. Remarquons que ce même parti est devenu, depuis Obama, l’otage de sa branche la plus extrême, et si des membres du Congrès sont mécontents d’être assimilés aux dérangés du cerveau qui prônent par exemple les opérations chirurgicales de « changement » de sexe sur des enfants mal dans leur peau, qu’ils ne s’en prennent qu’à eux-mêmes : leur soumission aux redoutables militants a des conséquences.
Lors d’une conversation avec Walla !, Chikli a confirmé les faits, a déclaré qu’il n’était pas conscient de la sensibilité entourant le mot « Woke », ni du fait qu’il s’agit d’un terme politiquement si chargé. Il a ajouté qu’après que l’un des membres du Congrès lui a fait part de sa colère, il s’est excusé et la réunion s’est poursuivie.
« Je n’ai pas essayé de les provoquer ou qu’ils soient remontés contre moi. Le contexte de mon commentaire était que, même si je ne suis pas ‘Woke’ ou progressiste, le gouvernement dont je suis membre transfère des budgets à la communauté LGBT et je n’y suis pas opposé », a noté M. Chikli.
Le ministre de la Diaspora a également déclaré qu’une grande partie des critiques formulées par les membres du Congrès à son encontre étaient fondées sur des informations erronées et des citations sorties de leur contexte. « Quoi qu’il en soit, la conversation a été très utile », a-t-il ajouté.
Conclusion
Tout ce que dit Chikli est vrai. Ses attaques se fondent sur la réalité, sur les faits, que je rapporte depuis des années, étant spécialiste des Etats-Unis, et couvrant la présidence et le virage pris par la société américaine depuis l’élection d’Obama.
Qu’on ne se trompe pas avec mes propos : Tout ce que dit Chikli est vrai. Cela doit être dit. C’est très bien qu’un membre du gouvernement israélien le dise. Mais ce n’est certainement pas le rôle d’un ministre dont le rôle principal est de renforcer les liens entre le gouvernement israélien et les communautés juives dans le monde entier, et en particulier aux États-Unis, de le faire !
Et cela met en lumière un autre aspect bien plus structurel, qui selon les rapports, aurait mis Chikli mal à l’aise.
Un partie importante de la première communauté juive au monde, celle des Etats-Unis, est de gauche. Et les politiques du gouvernement israélien, qui affiche son ancrage à droite avec d’autant plus de courage qu’il est soutenu par la majorité du peuple israélien, nuisent aux élus juifs américains car cela « rend leurs efforts de protection d’Israël aux États-Unis beaucoup plus difficiles ». L’argument se tient.
© Jean-Patrick Grumberg pour Israël 24 7.org