Le drapeau de l’imposture

Le Figaro a offert à ses lecteurs dans son numéro du 16 septembre un décryptage de la signification du drapeau palestinien.

Précisant notamment que « ce drapeau » est adopté en 1964 par l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), il ajoute :

« Ce drapeau devient un outil politique et identitaire : la référence à un héritage islamique ancien, mais aussi à un projet moderne et laïc de libération nationale, le panarabisme… Ce choix traduit la volonté de relier la cause palestinienne à un mouvement plus vaste d’unité arabe, en affirmant que la lutte nationale s’inscrit dans une continuité régionale et reflète la montée du nationalisme arabe au XXe siècle. »

De longs développements qui viennent occulter une réalité qui dérange parce qu’elle est tout autre.

Lorsque le 28 mai 1964 le roi Hussein de Jordanie inaugurait à Jérusalem-Est encore sous souveraineté arabe le congrès constitutif de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), la « Cisjordanie » faisait partie du royaume de Jordanie.

On se souvient en effet qu’à la suite de la déclaration d’indépendance d’Israël, conformément à la résolution des Nations Unies sur la fin du mandat anglais sur la Palestine, qui prévoyait l’établissement d’un État juif et d’un État arabe avec un statut spécial pour Jérusalem, les armées de cinq pays arabes ont attaqué le jeune État dans le but déclaré de le détruire.

Au terme de cette guerre, la Transjordanie a occupé la « Cisjordanie » qui devait faire partie de l’État arabe et l’a annexée, prenant alors le nom de Jordanie. L’Égypte a occupé la Bande de Gaza, qui devait, elle aussi, être intégrée dans l’État arabe. Une situation qui est restée inchangée jusqu’à la Guerre des Six Jours de 1967.

Pendant toute cette période, on n’a pas entendu de voix demandant à ces deux pays d’évacuer ces terres conquises pour permettre l’établissement d’un État palestinien conformément au plan de partition.

Ce n’était d’ailleurs pas pour libérer ces territoires, que l’Organisation de libération de la Palestine a été créée, comme en témoigne le fait que son congrès constitutif s’est tenu à Jérusalem-Est en présence du souverain de Jordanie. Elle visait bel et bien l’État juif.

A la suite de la guerre des Six Jours, Israël a repoussé une nouvelle fois les armées arabes au-delà de la « Cisjordanie » et de Gaza mais a proposé immédiatement de les restituer contre un accord de paix. Réunis à Khartoum, les dirigeants de neuf pays dont l’Égypte, la Syrie, la Jordanie, le Liban, ont répondu par la résolution sans appel du 1er septembre 1967 : pas de paix avec Israël, pas de reconnaissance d’Israël, pas de négociation avec Israël.

A l’approche de la reconnaissance annoncée d’un État de Palestine par la France, programmée avec une rare élégance pour le premier jour du nouvel an juif, il importe de rappeler qu’un État arabe sur les territoires visés aujourd’hui par cette reconnaissance aurait pu voir le jour en même temps, si le roi Hussein et son homologue égyptien, le roi Farouk, ne se les étaient pas appropriés.

© Michèle Mazel pour Israël 24 7.org

Michèle Mazel est diplômée de Sciences-Po et licenciée en Droit, et a été boursière Fullbright en science politique. Pendant plus de trente ans, elle a accompagné de par le monde son mari, le diplomate Zvi Mazel, qui fut notamment ambassadeur d’Israël en Egypte, en Roumanie et en Suède. Elle en a tiré la matière de nombreux ouvrages – thrillers et romans. Elle contribue régulièrement à plusieurs organes de presse.