L’UE cherche à réinitialiser ses relations souvent très tendues avec Israël la semaine prochaine, en convoquant lundi un sommet de personnalités politiques de haut niveau pour la première fois en une décennie.
Le format de réunion, connu sous le nom de Conseil d’association UE-Israël, est essentiellement en sommeil depuis 2013, lorsqu’Israël a annulé un rassemblement pour protester contre la position de l’UE sur les localisations israéliennes en Judée. Depuis lors, les deux parties ont continué à s’affronter sur des questions similaires.
Mais le départ en 2021 du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a ouvert la porte au rapprochement actuel. Son remplaçant, Yair Lapid, qui occupe également le poste de ministre des Affaires étrangères, a opté pour une solution à deux États avec les Arabes – une position plus conforme à l’approche de nombreux pays de l’UE, même si plusieurs pays devraient encore exprimer leur désapprobation à l’égard de la politique arabe d’Israël lors de la réunion. Bruxelles souhaite peut-être et surtout renforcer l’approvisionnement énergétique d’Israël dans le contexte de la guerre que mène la Russie en Ukraine, et comme Lapid est un piètre diplomate et un médiocre négociateur, il sera incapable de profiter de cette position de force.
M. Lapid devrait assister à la réunion du Conseil de lundi.
« Nous avons bon espoir que le prochain conseil d’association entre l’UE et Israël apportera un vent nouveau dans nos relations », a déclaré le ministre tchèque des Affaires étrangères, Jan Lipavský, à POLITICO la semaine dernière lors de l’Assemblée générale des Nations unies, exprimant son optimisme quant au fait que cette évolution sera l’une des principales réalisations de la présidence tournante de l’UE assurée par les Tchèques pendant six mois.
Pourtant, il ne sera pas facile d’obtenir un consensus européen sur l’un des conflits les plus notoirement litigieux au monde.
- Des pays comme l’Irlande et la Suède ont traditionnellement adopté une position plus pro-arabe – le président arabe Mahmoud Abbas s’est arrêté à Dublin pour rencontrer le Premier ministre irlandais au début du mois, alors qu’il se rendait à la réunion annuelle des Nations unies.
- À l’autre bout du spectre, la Hongrie, par exemple, est un allié fidèle, avec des liens économiques et idéologiques tissés au fil des ans entre le Premier ministre Viktor Orbán et Netanyahou.
Avant de disparaître, le conseil UE-Israël a servi pendant plus de dix ans de forum permettant aux fonctionnaires de se rencontrer régulièrement et de discuter de ces questions. Aujourd’hui, alors que le conseil est sur le point d’être réactivé, les États membres s’affairent à rédiger un communiqué officiel qui doit satisfaire l’ensemble des opinions concernant les relations UE-Israël.
Pour trouver un langage commun, il faut parfois se battre pendant des semaines pour un seul mot, tandis que des accords de couloir sont conclus pour apaiser les innombrables intérêts en jeu. Les responsables arabes suivent également de près la situation, exigeant de ne pas être exclus d’un engagement diplomatique similaire avec Bruxelles.
Mais le rôle équivoque et malsain de l’UE dans le conflit israélo-palestinien a donné lieu à de nombreuses controverses rien que cette année.
- Au printemps dernier, la Commission européenne a été contrainte, à contre-cœur, de retarder le financement de l’Autorité palestinienne en raison du contenu de manuels scolaires qui, selon les critiques, comportaient des incitations à la violence anti-israélienne. Les ONG de surveillance avaient fait le travail que l’UE devait faire, et la Commission européenne s’est retrouvée dans l’impossibilité de nier la réalité.
La décision de bloquer les fonds a été prise par le commissaire hongrois à l’élargissement, Olivér Várhelyi. Mais 15 pays ont envoyé une lettre à la Commission en avril pour dénoncer cette décision.
La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a finalement annoncé que l’argent serait déboursé lors d’une visite dans la ville arabe de Ramallah en juillet, car les incitations à tuer des juifs dans les livres d’école font partie de la culture musulmane. - D’autres tensions avec Tel Aviv sont apparues à la suite d’un raid israélien en juillet sur les bureaux d’ONG arabes qui financent le terrorisme.
Israël avait accusé ces groupes – dont certains recevaient des fonds de pays de l’UE – d’être des organisations terroristes. Mais de nombreux pays de l’UE n’étaient pas convaincus ou voulaient continuer à faire comme s’ils ne savaient pas sans qu’on les en empêche.
Dans une déclaration commune, la Belgique, le Danemark, la France, l’Allemagne, l’Irlande, l’Italie, les Pays-Bas, l’Espagne et la Suède ont critiqué Israël, affirmant qu’il n’avait pas fourni d' »informations substantielles » pour justifier les raids. Le bloc a réitéré ses « profondes inquiétudes » en août après de nouveaux raids israéliens contre des groupes de la société civile.
Les difficultés énergétiques du continent constituent la dynamique qui influe sur les relations de l’UE avec Israël. Alors que l’Europe s’efforce de trouver des sources alternatives au gaz russe, le renforcement des liens énergétiques avec Israël est une réponse possible.
Lors d’une visite en Israël en juin, Mme von der Leyen a signé un protocole d’accord avec Israël et l’Égypte pour stimuler les exportations de gaz. L’UE est également le premier marché commercial d’Israël mais il ne représente qu’un tiers du commerce total d’Israël.
© Equipe de rédaction Israel247.org.
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