L’animatrice télé qui a traité les ultra-orthodoxes de “suceurs de sang” va être (très) modérément sanctionnée

Galit Gutman

Vendredi dernier, l’animatrice de la chaîne solidement à gauche Channel 12, Galit Gutman, a lancé dans son émission matinale, en référence à la partie du budget de l’Etat qui est consacré au secteur ultra-orthodoxe :

“Quel fardeau peut-on imposer à un tiers de ce pays pour garder tous ces haredim qui nous sucent le sang ?”

La réaction ne s’est pas faites attendre : Israël n’est pas un pays laïque comme le voudraient les post-sionistes, la Cour suprême et la gauche. Elle a été attaquée de toutes parts par des politiciens israéliens et des personnalités publiques qui ont suggéré que “ses commentaires seraient mieux perçus en allemand” et ont demandé sa tête.

Même le président de la faction arabe Hadash-Ta’al, le député Ayman Odeh, a été choqué. Il a réagi sur Twitter en ces mots :

“En tant qu’Arabes, nous connaissons très bien le racisme et le suprémacisme de l’establishment, et je ne peux donc qu’être choqué par cette déclaration répugnante. L’incitation est l’incitation, qu’elle soit dirigée contre les Haredim, les Arabes ou tout autre groupe. Chaque citoyen mérite des droits dans ce pays, qu’il ait ou non servi dans l’armée d’occupation ou qu’il paie ou non des impôts. J’envoie ma solidarité à mes amis haredi”.

En outre, des milliers de téléspectateurs de Channel 12 ont inondé les lignes téléphoniques de la chaîne de plaintes, et les patrons de Gutman à la société de production Keshet ont accepté de présenter des excuses en direct à la télévision.

Cependant, la deuxième autorité de radiodiffusion a réagi en annonçant qu’elle avait lancé une procédure d’infraction contre Gutman. Elle pourrait révoquer son contrat. Ils ne le feront pas car c’est une ashkénaze de gauche, la classe intouchable qui donne des leçons de diversité et d’égalité en refusant toute diversité et agissant contre l’égalité.

Le ministre des Communications, Shlomo Karhi (Likoud), a bien décrit la dégoûtante journaliste dans son tweet :

“Dans les ténèbres du Moyen-Âge, lorsque des gentils antisémites lançaient de tels appels aux Juifs, nous disions : ‘C’est ainsi – Esaü déteste Jacob : C’est comme ça – Ésaü déteste Jacob’. Mais ici, en Israël ? Une femme juive ? Ouvertement ? Je ne sais pas qui est cette femme, mais ses déclarations sont pseudo-antisémites, honteuses et ne méritent pas une tribune médiatique. S’il a une once d’éthique journalistique [ce qu’il n’a pas], Channel 12 devrait la suspendre immédiatement”.

Gutman a présenté ses excuses sur Instagram, évidemment… :

“Je voudrais m’excuser du fond du cœur si j’ai offensé tout un secteur. J’aime l’État d’Israël, et par souci de son avenir, je critique vivement les représentants du secteur haredi à la Knesset. Mes propos ont été tenus lors d’une discussion sur le budget du gouvernement et le fonds de l’impôt foncier. Mais je n’ai pas l’intention de nuire au secteur dans son ensemble. Je présente mes excuses à tous ceux qui ont été blessés par ces propos”.

Ça me fait penser aux excuses que Dieudonné, que j’ai longuement interviewé, a présenté au peuple juif : “si j’ai blessé quelqu’un, je ne m’en suis pas rendu compte, je m’excuse”.

Gutman a 51 ans, c’est une très belle femme, elle a été mannequin pendant 17 ans, est apparue dans quelques séries dramatiques et, depuis 2013, elle anime des talk-shows le matin sur Channel 12.

Comme me l’a indiqué l’auteur de best sellers, mon ami Tuvia Tenenbom, les haredis sont déshumanisés par la société israélienne, car ils sont considérés comme une entité unique, un bloc indistinct faisant l’objet de tous les amalgames. Et il ajoutait, lui qui vit dans le quartier le plus bobo au monde, à Manhattan : “j’ai découvert que les haredis sont plus ouverts, plus tolérants et plus à l’écoute de l’autre que les progressistes américains parmi lesquels je vis, et on m’avait dit que c’était le contraire”.

Pour ramener un peu d’honnêteté factuelle, rappelons que selon le Bureau central des statistiques (CBS), les communautés arabes israéliennes reçoivent des centaines de millions en abattements fiscaux (tout comme de nombreux kibboutzim, lesquels ont été responsables de l’explosion des prix de l’immobilier), alors que les communautés haredis ne bénéficient de presque aucun allègement fiscal. Et si vous pensiez que c’est parce que les haredim ne travaillent pas, vous auriez tort. Selon le même CBS, 54 % des hommes et 81 % des femmes haredi travaillent et paient des impôts.

© Jean-Patrick Grumberg pour Israël 24/7.org

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