L’ambassadeur des Etats-Unis en Israël refuse de visiter la Judée-Samarie, c’est plus grave que Ben & Jerry’s

L'ambassadeur des États-Unis en Israël Thomas R. Nides. (AP / Lee Jin-man, Pool)

Si vous pensiez que le boycott de la Judée Samarie par Ben & Jerry’s était discriminatoire et honteux, vous aviez raison, car ces deux « défenseurs de la morale universelle » n’ouvrent pas la bouche pour les crimes qui se produisent à grande échelle et quotidiennement dans le monde, en Chine, au Venezuela, à Cuba ou au Yémen.

Vous allez donc sauter de rage sur votre chaise en apprenant que l’ambassadeur des Etats-Unis en Israël nommé par le président Biden boycotte lui aussi la Judée Samarie.

L’ambassadeur Thomas Nides a déclaré qu’il ne voulait pas « enflammer » la situation politique en se rendant en Judée Samarie. Est-ce que Trump a enflammé la situation politique en déplaçant l’ambassade des Etats-Unis à Jérusalem ? Non. C’est pourtant ce que les Nides, l’ensemble des Démocrates, l’ensemble des médias prédisaient qu’il se produirait, et ça ne s’est pas produit. Ils avaient tous tort, rien ne s’est passé, ils ne se sont pas excusés, et maintenant, ils nous ressortent les mêmes salades sans qu’aucun journaliste le leur fasse remarquer (les journalistes ne font plus leur métier de chien de garde de la démocratie, de cinquième colonne, de contre-pouvoir en confrontant les puissants de ce monde).

L’ambassadeur américain en Israël Thomas Nides a déclaré qu’il ne se rendra « absolument pas » dans les communautés de Judée et de Samarie lors de sa première interview en tant qu’envoyé américain.

Dans l’interview, qui a été publiée dans l’édition du week-end de Yedioth Ahronoth, le journaliste a demandé à l’ambassadeur s’il allait visiter des villages situés au-delà de la soi-disant Ligne Verte (une fiction inventée par les anti-israéliens), que le Président Biden a appelés « obstacles à la paix » (alors que les Arabes ont déclenché deux guerres contre Israël avant l’existence de cette « Ligne Verte » et bien avant l’implantation des villages juifs contemporains en Judée Samarie).

Si je vous dis que Nides est l’ancien secrétaire d’État adjoint du président Obama, vous aurez tout compris de l’attitude hostile de cet ambassadeur. Obama était le genre d’amis d’Israël qui vaut dix ennemis.

Nides a justifié son refus avec une explication encore plus inquiétante, et qui nous replonge dans la situation de l’ère Obama : il veut un retour au statu quo après les actions ouvertement pro-implantation de son prédécesseur, l’ambassadeur David Friedman, qui a assisté à plusieurs événements officiels dans de tels villages. Je crois que soit Nides est un idéologue parfait que le militantisme rend aveugle, soit un médiocre fonctionnaire au Qi très faible, sans quoi il aurait constaté que « les actions ouvertement pro-implantation de son prédécesseur, l’ambassadeur David Friedman, qui a assisté à plusieurs événements officiels dans de tels villages » n’ont jamais déclenché de troubles. En fait, il n’y avait récemment aucun troubles en Judée Samarie avant l’été dernier, après le changement de gouvernement.

« Tout comme j’ai demandé aux Palestiniens et aux Israéliens de ne rien faire qui puisse envenimer la situation, c’est ainsi que j’agis moi-même. Je ne veux pas faire intentionnellement des choses qui créeraient un manque de respect ou de la colère chez les gens », a déclaré Nides.

« Je sais que je ferai des erreurs, » a-t-il ajouté, « que je dirai des choses qui exaspéreront les gens. Je suis sûr que dans cette interview, je dirai quelque chose qui exaspérera quelqu’un. Mais mettre intentionnellement les gens en colère ? Pas moi. »

Notez comme il est beau parleur, et comme ses propos à l’air modéré et humbles sont chargés d’une vicieuse idéologie antisioniste bien cachée.

Nides affirme qu’il n’a « aucune idéologie » en ce qui concerne Israël, et il ment. C’est un fervent partisan de la solution à deux États du conflit palestino-israélien, tout comme Biden, et ça, c’est la définition exacte de l’idéologie : nous avons une solution, nous voulons l’appliquer, et nous nous fichons de savoir si elle est bonne ou mauvaise, si elle peut marcher ou pas, si les intervenants la veulent ou pas, si c’est la même idéologie qui est tentée depuis 40 ans et qu’elle ne produit que des échecs, c’est ce que nous voulons et nous ne changerons pas d’opinion. Voilà, appliquée, la définition exacte de l’idéologie.

A l’inverse de l’idéologie, l’approche pragmatique serait : voyons ce qui pourrait marcher, voyons s’il y a une bonne solution. Comme disait Einstein (ou quelqu’un d’autre), il y une solution à tous les problèmes. Mais ça ne veut pas dire que les solutions sont bonnes.

L’idéologue Nides a également dit au journal qu’il pense que « Israël sera renforcé » en abandonnant certaines parties du pays pour établir un État palestinien, et c’est important pour lui. Ce type est un fou ! Il recommence la litanie qu’on entend depuis Oslo : Israël doit faire des concessions pour atteindre la paix, et ces messieurs n’exigent jamais, ne disent jamais, que les Arabes doivent faire la moindre concession, pour ne pas les froisser, ou parce qu’ils savent que la réponse est non.

« Tout ce qui m’importe, c’est qu’Israël reste un État fort, démocratique et juif », a-t-il dit.

Soit il ment, ce dont je doute, je le crois sincère, soit c’est un fou.

Là je cite encore Einstein car nous sommes en plein dedans :

« La folie, c’est faire la même chose encore et encore et s’attendre à des résultats différents. »

Mon seul regret, c’est que mes confrères sont si lamentables, qu’il n’y en a pas un pour défier Nides et lui rappeler que ça fait des décennies qu’ils essaient la même chose encore et encore et qu’ils s’attendent à des résultats différents.

De plus, « L’administration Biden pense qu’elle doit s’occuper du peuple palestinien. C’est la différence entre nous et l’administration Trump », a ajouté Nides, et c’est faux : le plan Trump prévoyait une aide économique de dimension pharaonique pour sortir les Palestiniens de la médiocrité économique dans laquelle leurs dirigeants corrompus les laissent.

De plus, Nides a affirmé que la Maison-Blanche a toujours l’intention de rouvrir son consulat pour les Palestiniens à Jérusalem, qui a servi d’intermédiaire indépendant avec les Palestiniens pendant des décennies avant d’être fermé par Trump.

C’est une démarche vicieuse, car d’une part, les activités de ce consulat ont été intégrées sous l’autorité de l’ambassade américaine lorsqu’elle a été déplacée à Jérusalem en 2018, et d’autre part, c’est à Ramallah qu’un consulat aurait toute sa raison d’être, là où l’Autorité palestinienne a toutes ses administrations, là ou la Chine et la Russe ont leur consulat. Vicieux parce que cela revient à officialiser la division de Jérusalem entre Arabes et Juifs dans leur projet de deux Etats où Jérusalem serait la capitale de cet Etat de Palestine – alors que même aujourd’hui, ils ont choisi Ramallah pour conduire leurs affaires.

Le Premier ministre Naftali Bennett a déclaré à de nombreuses reprises que son gouvernement ne donnera pas l’autorisation d’un tel déménagement. Je me demande comment il réagir quand et si Ra’am fait son chantage : coalition ou renonciation.

Les médias, qui sont presque tous de gauche, disent que Nides, qui est juif, est considéré comme un ami de l’État juif parce qu’il s’est ouvertement et officiellement rendu au Mur occidental à Jérusalem, parce qu’aucun ambassadeur américain ne l’avait fait avant Friedman pendant son mandat. Quel argument ! Les présidents français aussi se sont rendus au Mur occidental, et l’on voit quel genre d’amis d’Israël ils sont !

Lors de l’interview de vendredi, Nides a tenu à déclarer : « Jérusalem est la capitale d’Israël, et l’ambassadeur américain y travaille et y vit. » C’est déjà ça de gagner pensez-vous ? C’est avoir la mémoire courte : Barack Obama avait fait la même déclaration lors de sa première campagne électorale, et avant de quitter son poste, il a voté au conseil de sécurité de l’ONU l’infâme résolution qui affirme qu’Israël n’a aucun droit sur la moitié de Jérusalem, y compris la vieille ville, y compris le quartier juif, y compris ce Mur occidental.

Même si vous détestiez Donald Trump, vous reconnaîtrez facilement que pour Israël, ce président était le plus grand ami étranger, et non-juif, que l’Etat juif n’aura jamais eu. Et si vous voulez mon opinion personnelle, ce n’est qu’un ami authentique d’Israël qui pourra peut-être amener la paix avec les Palestiniens, parce que seul un ami authentique regarde la réalité en face, et cette réalité est que les Palestiniens ne veulent pas d’un Etat palestinien à côté de l’Etat juif. Ils veulent un Etat palestinien sur toute la Palestine excepté la Jordanie.

© Jean-Patrick Grumberg pour Israël 24 7.org

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