La stratégie de la tension diplomatico-religieuse permanente au Mont du Temple

Émeute arabe sur le mont du Temple pendant les prières du vendredi du Ramadan le 22 avril 2022. (Crédit : Unité du porte-parole de la police israélienne)

Une émeute a de nouveau éclaté sur le Mont du Temple vers 4 heures du matin vendredi en plein milieu des prières du vendredi du ramadan. Les scènes se répètent depuis le début conjoint du ramadan et de la période de Pessah pour les Juifs.

La symbolique est, ici, exacerbée pour que même les «prières» musulmanes se transforment en exhortation des fidèles à «agir», dans le cadre d’une guerre civile et religieuse contre un présumé «occupant». Cette stratégie délibérée a recours à des théories de la conspiration autour de la valeur du Mont du Temple, auquel s’est substitué un édifice musulman en 638 de l’invasion arabe. Toute la rhétorique est mobilisée, de supposées «menaces» contre le «Haram Al Sharif», de la part de groupes juifs, inventés sur les réseaux sociaux, qui auraient eu, selon la propagande de l’Autorité Palestinienne, l’intention de faire des offrandes d’agneaux au cœur même de la Mosquée Al Aqsa.

La ficelle est un peu grosse, mais il est intéressant de noter que, pour ne pas complètement perdre son influence sur sa «rue arabe», le Fatah d’Abbas s’ingénie à lancer des rumeurs que le Président de l’Autorité répercute dans les autres pays musulmans, dans le seul but d’obtenir des condamnations d’Israël à l’Assemblée Générale de l’ONU. Il y a longtemps qu’on sait qu’Abu Mazen a pour seul objectif de maintenir une forme de pouvoir fictif aux yeux des puissances occidentales et du monde arabe, tout en flattant les instincts insurrectionnels de son peuple. Cette attitude de guerre idéologico-juridique et religieuse met en difficulté le discours pacifiant des Accords d’Abraham, y compris au cœur des capitales du Golfe ou au Maroc, qui sont tenues de se montrer solidaires, voire, qui sait ?, d’offrir des subsides au peuple palestinien, surtout de faire pression sur Jérusalem pour que l’État hébreu, en situation d’autodéfense intérieure, relâche sa main de fer dans la répression des incendiaires qui profanent eux-mêmes leur propre «Lieu Saint», transformé en champ de bataille médiéval.

Mais, procédant ainsi, l’Autorité Palestinienne continue de creuser sa propre tombe et de retourner toutes les factions rivales contre son propre centre de décision. D’abord, il est devenu clair qu’au-delà de Jérusalem, la capitale de cette insurrection terroriste (ou vague terroriste suivie d’émeutes à caractère conspirationniste et religieux) se situe à Jénine, pour les Palestiniens et Uhm Al-Fahm, en ce qui concerne les Arabes Israéliens, autour du Mouvement Islamique du Nord. Abbas alimente donc le feu qui le dévorera, mais grâce à l’arme diplomatique et surtout, au besoin des Occidentaux comme des Israéliens de le préférer, lui, plutôt que le Hamas, il pense qu’il peut continuer d’avoir de beaux jours devant lui, car même en tour d’Ivoire, il bénéficiera toujours de la protection de ses alliés objectifs, contraints et forcés par les Accords d’Oslo.

En réalité, en termes de popularité, il n’a de cesse d’alimenter la propagande du Hamas et du Djihad Islamique (d’ailleurs principal maître de Jénine, en copilotage avec le Fatah sans maître autre que local). Sur le plan sécuritaire, le danger le plus grand pour Israël concernerait une nouvelle guerre de missiles tirés de Gaza ou du Liban (moins probable, le Hezbollah étant en disgrâce auprès du peuple du pays du Cèdre), le mouvement islamique sunnite développant un deuxième front depuis le Sud-Liban. Les forces de sécurité vont donc tout faire pour empêcher les échauffourées actuelles en sortie de prières musulmanes de dégénérer en «intervention vengeresse» des lanceurs de missiles du Sud, comme ce fut le cas pendant 11 jours en mai 2021.

Du moins, peut-on dire que, cultivant la rumeur et la relégitimation du terrorisme, par la diplomatie pour la «libération de Jérusalem contre le Sionisme», Abbas offre du grain à moudre à son principal rival à Gaza et dans la rue arabe. On peut même dire qu’il s’agit là d’une confortable redistribution des rôles, où le Hamas et le Djihad Islamique lui laissent le pouvoir virtuel ou apparent, parce que son existence leur est utile pour conforter les armes qu’ils fourbiront demain.

Le jeu est donc bloqué, parce que Abbas conforte le rêve occidental d’une «solution à deux Etats» tout en perdant ce qu’il lui reste de «pouvoir populaire», mais que même pour Israël, du moins jusqu’à un certain point, mieux vaut Abu Mazen que Haniyeh ou Sinwar ou Ramallah et un seul Gaza à gérer, plutôt que deux, à l’Est et au Sud.

D’autre part, sur le très long terme, il n’est pas dit que l’existence du Fatah et de «l’Autorité» sans autorité, notamment sur les villes-phares comme Jénine et les autres suivront (Naplouse, Hébron, etc.), dérange plus que cela les leaders des groupes terroristes de la région, tant qu’il leur sert de caution diplomatique.

Allons plus loin, incitant Israël à intervenir à sa place pour mettre de l’ordre à Jénine, puisqu’il a peur des groupes paramilitaires et terroristes qui dominent ses propres forces, Abbas referme le couvercle de l’autocuiseur et consolide l’image d’une «ré-occupation». Pour Israël, il n’y a donc rien à gagner, à terme, dans le maintien de cette fiction d’autorité, sinon ménager du «temps», sans bien savoir sur quel modèle cela pourrait déboucher. A moins de noyer les Palestiniens dans des arrivées d’argent et de belles propositions technologiques du Golfe, où soudain, par miracle, l’économie se mettrait à les fasciner plus que le goût du Martyre de génération en génération : à ce stade, cela paraît complètement illusoire. Néanmoins, le développement de Ramallah même, dans ses aspects les plus sains, tend à être un embryon de ce rêve de modernisation… Secouée par les soubresauts de la guerre terroriste.

On ne voit pas de solution politique viable, ni dans le court, ni dans le long terme, qu’une élimination point par point de tous les foyers brûlants (ex. : Jénine), intermédiaires et dirigeants qui enveniment ce type de guerre d’usure, à la fois diplomatique et terroriste, ou de la diplomatie n’ayant plus pour but que de dissimuler le visage édenté et hideux du terrorisme. Les foyers de ce type de guerre asymétrique restent nombreux, de Jénine à Gaza, Beyrouth, le territoire syrien conquis par les milices pro-Iran, à commencer par le chef-lieu du grand Patron, Téhéran, et des succursales implantées dans presque toutes les chancelleries penchant pour la justification de ce recours comme «arme du pauvre».

Les derniers événements en cours

Des affrontements entre émeutiers et policiers ont éclaté dans l’enceinte du Mont du Temple vers 4 heures du matin vendredi matin, pendant les prières du ramadan, après que des centaines de personnes, dont certaines avaient le visage couvert et portaient des drapeaux du Hamas, ont déclenché une émeute qui comprenait la préparation de fortifications, le lancement de pierres et le tir des feux d’artifice, a indiqué le district de Jérusalem de la police israélienne.

Malgré les jets de pierres, la police a attendu que les prières commencent, se terminent et que les fidèles se dispersent. Lorsque la violence des émeutiers s’est intensifiée et s’est approchée de l’arrière du mur Occidental, où les prières étaient en cours, la police a utilisé des méthodes anti-émeutes pour repousser la masse, a indiqué la police.

Un émeutier dont le visage était couvert a été blessé lors des affrontements et a été évacué pour des soins médicaux.

«Alors que de nombreux policiers opèrent pour permettre la liberté de culte tout en maintenant la sécurité, la loi et l’ordre dans les lieux saints et dans tout Jérusalem, il y a ceux qui choisissent de se révolter et de troubler l’ordre public», a déclaré la police. «Nous continuerons d’agir contre les émeutiers anarchiques afin de maintenir le bien-être et la sécurité du public», a ajouté la police.

Au moins 27 personnes ont été blessées, dont 11 ont été transférées dans des hôpitaux, et deux dans un état grave, selon les médias arabes du Croissant-Rouge palestinien.

La police se prépare à de nouvelles émeutes

Le commissaire de la police israélienne Yaakov (Kobi) Shabtai est arrivé sur les lieux plus tard, vendredi matin et a procédé en chemin à une évaluation de la situation avec tous les chefs de district et les chefs de branche de la police, a indiqué la police.

Shabtai a décidé de mettre les réservistes de la police des frontières en attente immédiate de recrutement en fonction de l’évolution de la situation. Il a également ordonné au quartier général du commandement régional d’être en attente à la fois au cas où des émeutes se dérouleraient dans leurs régions ou s’ils étaient nécessaires comme renfort ailleurs.

La police agira rapidement et agressivement pour réprimer toute émeute qui éclate, a ajouté Shabtai. Il a également souligné l’importance de lutter contre les fausses nouvelles, qui, selon lui, faisaient partie de la tentative palestinienne d’enflammer la situation, en fournissant des versions exactes des événements au public arabe et dans le monde entier.  

L’émeute survient alors que les tensions dans la capitale ont augmenté ces derniers jours en raison de nombreuses émeutes de fidèles palestiniens et d’une marche du drapeau menée par le député Itamar Ben Gvir mercredi à travers la vieille ville ainsi que des milliers d’Israéliens visitant le lieu saint pendant la Pâque.

Le Hamas, dans un communiqué publié jeudi, a appelé les Palestiniens à « se mobiliser demain à l’aube pour défendre Jérusalem et la mosquée Al-Aqsa« .

Par Marc Brzustowski, pour le commentaire éditorial, avec de dernières informations du JPost

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