La discussion entre le gouvernement et la conseillère juridique a surpris même la coalition

Gali Baharav-Miara

Une discussion houleuse a eu lieu aujourd’hui dimanche lors de la réunion du gouvernement où la conseillère juridique était convoquée pour s’expliquer sur le traitement indulgent réservé aux manifestants de gauche qui violent l’ordre dans tout le pays, par rapport aux manifestants de Judée Samarie et ultra-orthodoxes de Jérusalem, qui ne sont visiblement pas traités de la même manière par les forces de l’ordre.

Selon les données présentées aux ministres lors de la réunion du cabinet, presque aucun acte d’accusation n’a été déposé par elle contre les anarchistes qui bloquent les routes et les émeutiers lors des manifestations de gauche. Au début du débat, M. Netanyahou a déclaré : « Est-ce çà, une politique uniforme ? »

Pour faire court, lorsque les activistes de gauche sont traités avec indulgence par la police, la conseillère juridique dépose plainte et dénonce une trop grande violence, et lorsque les activistes de Judée Samarie ou les haredim subissent une répression violente, elle ne dit rien. Et c’est pour s’expliquer sur ce double standard qu’elle était convoquée, ce dimanche matin.

« Combien d’actes d’accusation ont été déposés concernant les 572 personnes arrêtées pour avoir agressé des officiers de police ? »

« Combien de personnes ont fait l’objet d’une enquête pour suspicion de conspiration en vue de commettre un crime à la suite de l’organisation des émeutes ? »

(En réalité, selon le sous-commissaire Yoav Talem, chef adjoint de la division des renseignements et des enquêtes de la police, qui était présent lors de la réunion, il n’y a eu jusqu’à présent que 6 inculpations sur les 572 personnes arrêtées pour avoir agressé des policiers).

Concernant le fait que ces ministres sont les ministres Ben Gvir et Levin, lorsque plusieurs manifestants ont été interrogés parce qu’ils étaient soupçonnés de vouloir commettre un crime et d’avoir organisé des émeutes, « pas un seul n’a été inculpé », a répondu avec aplomb l’équipe entourant Baharav-Miara.

Ben Gvir a demandé combien d’actes d’accusation ont été déposés au cours de l’année 2023 contre les manifestants contre la réforme qui ont été arrêtés par la police pour des agressions ou des comportements illégaux, et elle a répondu qu’aucun n’avait été déposé.

« Excusez-moi, je suis responsable de la sécurité du pays ; lorsqu’ils [les activistes] viennent inciter et faire en sorte que le commissaire déplace des officiers de police d’une activité opérationnelle, ou qu’ils appellent à la fermeture d’unités essentielles de l’armée, ou qu’ils encouragent à la désobéissance dans Tsahal, cela ne fait-il pas partie des sujets répréhensibles ?

Aujourd’hui, le gouvernement doit recevoir une réponse de là conseillère juridique du gouvernement et des responsables de l’application de la loi concernant la manière dont ils appliquent la loi relative aux menaces, aux atteintes aux représentants élus, aux appels à l’agitation civile et à désobéir à la loi, aux barrages routiers et aux grèves illégales.

Je voudrais clarifier certaines choses : le droit de manifester dans le cadre de la loi est un droit sacré pour chacun, mais nous condamnons fermement toute violence contre les manifestants d’un côté ou de l’autre.

Ce droit [de manifester] est garanti aussi bien aux opposants à la réforme qu’à ses partisans. Le gouvernement n’a pas l’intention de limiter ce droit, mais il demande un rapport sur la manière dont la loi est appliquée en ce qui concerne les violations de la loi, qui portent atteinte aux droits fondamentaux de millions de citoyens et qui sont perpétrées presque quotidiennement pendant les manifestations.

Ces violations se manifestent par le blocage des principaux axes routiers, par la perturbation de l’aéroport, par l’appel au non-paiement des impôts, par le harcèlement des personnalités publiques et de leur entourage, par l’appel à la rébellion, par l’organisation de manifestations dans le but de mettre hors d’état de nuire des unités entières de l’armée, et par des violations de la loi dans bien d’autres domaines. »

M. Netanyahou a ajouté : « Le public a le droit de recevoir une réponse à la question suivante : ‘comment la loi est-elle appliquée, et s’agit-il d’une application uniforme ?’ Dans un pays démocratique, il n’est pas possible d’avoir une politique où la loi est appliquée à l’égard d’un certain public et une deuxième politique où la loi est appliquée différemment à l’égard d’un autre public.

Parce qu’il est clair pour tout le monde que l’application sélective est une atteinte fatale à la démocratie et à l’État de droit, nous avons demandé à la conseillère juridique de présenter un rapport au gouvernement sur cette question.

A la grande surprise de plusieurs personnes de gauche, la conseillère n’a fait aucun autre commentaire. Sauf celui-çi, qui aurait fait scandale s’il était tenu par une personne de droite.

Elle a dit : « il n’y a pas de protestation efficace sans harcèlement et perturbation de l’ordre public ».

C’est profondément partisan et choquant. Nous attendrons impatiemment sa réponse écrite – sans grande surprise.

« L’armée n’est pas un espace public, c’est une zone de sécurité importante pour l’État d’Israël. Je n’accepterai en aucun cas que des dommages soient causés à la routine de l’armée de l’air d’Israël, ni que des blocages soient mis en place. Je demande que l’on mette fin à l’application sélective, à la politique sélective et aux opinions sélectives La personnalité [des coupables] doit être laissée de côté. Avec ce qui a été dit ici, elle devrait être limogée ».

« L’attaque dont la conseillère [juridique] fait actuellement l’objet est la continuation directe de l’attaque planifiée contre l’État de droit dans l’État d’Israël, par le gouvernement de destruction. La demande de violence policière et l’utilisation d’outils gouvernementaux pour réprimer la protestation, tout en délégitimant les gardiens [de la démocratie], sont une partie essentielle du coup d’État. Ce fut le cas en Hongrie, en Turquie et en Pologne. Mardi prochain, nous sortirons pour défendre la démocratie israélienne. Si le gouvernement ne s’arrête pas, c’est l’État qui s’arrêtera ».

Apparemment, bien qu’elle soit venue avec un renfort, ça ne lui a pas fait battre un cil, à la conseillère juridique. Et je soupçonne sa froide indifférence au fait que sa position est anormalement protégée.

© Jean-Patrick Grumberg pour Israël 24 7.org

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