Israël est furieux : Trump « aurait obtenu un cessez-le-feu des Houthis ». Mais non ! Il les a mis à genoux

Pour une fois, la droite et la gauche israélienne sont d’accord : les médias, qui ne peuvent pas supporter le président Trump, et Bibi encore moins, sont ravis de semer la zizanie, laisser faire planer l’idée complotiste que l’orage se déplace au-dessus de la relation entre les deux dirigeants, et déclarent partout que Netanyahou n’a pas été prévenu par le président Trump qu’un cessez-le-feu a été obtenu avec les Houthis.

La droite israélienne est furieuse aussi. « Trump a laissé tomber Israël », disent en boucle les commentateurs, qui voient les Etats-Unis cesser de bombarder le Yémen tandis que les terroristes Houthis bombardent Israël : « et notre alliance ? Et notre protection ? » disent les analystes de droite.

C’est là, en général, que ceux de mes lecteurs qui ne veulent lire que ce qu’ils ont envie de croire me détesteront. Mais comme je suis un journaliste traditionnel, je ne fais pas dans la langue de bois, et je dis les choses telles qu’elles sont, sans maquillage ni parti pris.

Voici la situation telle qu’elle est, telle que vous ne la lirez pas dans la presse :

1. Donald Trump est-il le président d’Israël ? A-t-il été élu par les citoyens israéliens pour les protéger ? Donald Trump est dans son rôle : président de l’Amérique et des Américains.
   
   Les navires américains ne disposent pas du libre droit de passage, car les terroristes financés par l’Iran opèrent principalement dans la mer Rouge et le détroit de Bab el-Mandeb, où ils attaquent les navires commerciaux. Joe Biden n’a rien fait, Donald Trump a pris les choses en main, et a réagi, avec force.
2. A moins que cela m’ait échappé, Donald Trump n’a jamais déclaré qu’il bombardait les Houthis parce que ceux-ci frappent Israël. Les observateurs l’ont déduit, ils ne tirent pas cela des faits, mais de ce qu’ils ont envie de croire.
   
   Aucune citation directe de Donald Trump n’indique explicitement qu’il a ciblé les Houthis spécifiquement parce qu’ils frappent Israël. Ses actions suggèrent que les frappes militaires américaines contre les Houthis s’inscrivent dans une logique plus large, qui inclut notamment leurs attaques contre Israël, mais il s’agit d’une extrapolation.
   
   Les commentaires publics de M. Trump, tels qu’ils sont rapportés par les multiples sources que je consulte (je suis un spécialiste du président Trump), se concentrent principalement sur les attaques des Houthis contre le transport maritime international en mer Rouge, sur leur ciblage des ressources militaires américaines et sur leur campagne plus large de « piraterie, de violence et de terrorisme ».
   
   Par exemple, le 15 mars 2025, M. Trump a annoncé des frappes américaines sur des cibles houthies, déclarant qu’il s’agissait d’une réponse à la « campagne implacable des Houthis contre les navires, les avions et les drones américains et autres », qui disait-il, coûtent des milliards et mettent des vies en danger. Il a insisté sur le rétablissement de la « liberté de navigation » et a averti l’Iran, qui soutient les Houthis, de cesser de les soutenir.
3. Comment le président Trump a-t-il réussi en si peu de temps à obtenir un cessez-le-feu des Houthis, alors qu’Israël n’y parvient pas ? Parce que Trump applique les lois millénaires de la guerre et se donne les moyens de la victoire, et qu’Israël se trouve des excuses pour les éviter et s’empêcher de vaincre.
   
   La doctrine de la victoire est simple, elle n’a pas changé depuis que le monde est monde : frapper l’ennemi jusqu’à ce qu’il crie pitié, jusqu’à ce qu’il reconnait sa défaite.
   
   C’est exactement ce qu’a fait Trump : il a bombardé les Houthis presque chaque jour et chaque nuit, plus de mille fois depuis mars 2025.
   
   Selon un communiqué du Commandement central américain (CENTCOM) daté du 4 mai 2025, plus de mille cibles ont été frappées au Yémen. Pas étonnant que les Houthis aient annoncé qu’ils ne voulaient plus se battre contre les Etats-Unis.
   
   Ce 6 mai 2025, le président Trump a annoncé un accord selon lequel les Houthis auraient déclaré « ne plus vouloir se battre » et promis de cesser les attaques contre les navires.
4. Que fait Israël vis-à-vis des Houthis ? Il est dans la « riposte chirurgicale et proportionnée ». Depuis mars, alors que les Etats-Unis ont frappé plus de 1 000 fois, Israël a frappé… deux fois et touché 50 cibles ! Et avant la dernière frappe, Tsahal a envoyé des flyers pour leur dire d’aller se cacher.
   
   Avant mars 2025, Israël a frappé le Yémen une fois en juillet 2024 et une autre fois en décembre.
   
   Inutile de vous faire des nœuds au cerveau, voilà pourquoi les Houthis ont déclaré hier qu’ils ne vont pas cesser de bombarder Israël.
   
   Mohammed Ali al-Houthi, chef du comité révolutionnaire suprême, a déclaré mardi 6 mai que l’arrêt des frappes contre les Etats-Unis ne concerne pas les attaques contre Israël.
   
   Il a déclaré via Al-Masirah TV :

« Aux sionistes, restez dans des abris ou quittez vos pays immédiatement, car votre gouvernement défaillant ne pourra pas vous protéger. »

Je suis d’accord avec cette déclaration : le gouvernement israélien est en effet défaillant dans son combat contre les Houthis. Lorsqu’en 2024 les images satellites sont apparues montrant les destructions de réservoirs de carburant au port d’Hodeidah, un certain nombre étaient intacts : Israël n’a pas voulu tous les bombarder afin d’être gentil avec la population yéménite. Les Houthis ont continué à bombarder. Israël vient de bombarder l’aéroport de Sanaa et une usine de ciment ? Les mêmes actions produisent toujours les mêmes effets. Attendons-nous à d’autres missiles et drone tirés sur Israël.

Lors des frappes américaines, 98 travailleurs africains sont morts. Ca n’a pas fait la Une, et l’ONU n’a pas bougé. Lorsque les Houthis ont frappé l’aéroport Ben Gourion, l’ONU n’a pas bougé non plus : ça traumatise le gouvernement Israélien au lieu de le doper.

Avec les Houthis, comme avec le Hamas, Israël n’ose pas pratique l’art de la guerre et la stratégie pour la victoire : écraser l’ennemi jusqu’à ce qu’il crie pitié.

Que les analystes israéliens ne viennent pas se plaindre : il faut balayer devant sa porte. Et exploser la porte des islamistes, au lieu de casser la serrure.

© Jean-Patrick Grumberg pour Israël 24/7.org