Pendant plus d’une décennie, cet homme a été très redouté, en Iran.
- Il présidait un vaste appareil de renseignement.
- Il a écrasé la dissidence intérieure,
- Il a éliminé les rivaux politiques, et a
- étendu les opérations secrètes et terroristes au-delà des frontières de l’Iran pour cibler les dissidents et les ennemis à l’étranger.
Hossein Taeb, religieux de 59 ans et chef des services de renseignement du puissant Corps des gardiens de la révolution islamique, était intouchable.
La semaine dernière, il a été brusquement démis de ses fonctions. Il est la dernière victime collatérale des actions incessantes menées par Israël pour limiter la capacité terroriste de l’Iran, en ciblant ses responsables et ses sites militaires, selon les analystes.
Ce sera l’effort iranien raté visant à tuer des touristes israéliens en Turquie qui aura été la goutte d’eau qui fit déborder le vase. La crise diplomatique embarrassante avec Ankara, un allié régional de Téhéran, a finalement fait pencher la balance.
Selon Mohammad Ali Abtahi, ancien vice-président réformateur de l’Iran et religieux, évincé par les conservateurs en 2009 mais qui a gardé des liens étroits avec les hauts responsables, le retrait de Taeb était la reconnaissance par Téhéran que la confrontation avec la menace israélienne nécessitait un nouveau leadership et une remise à zéro des stratégies et des protocoles.
« Les brèches de sécurité à l’intérieur de l’Iran et la vaste portée des opérations menées par Israël ont vraiment sapé notre organisation de renseignement la plus puissante », a déclaré Abtahi par téléphone depuis Téhéran. « La force de notre sécurité a toujours été le socle de la République islamique et elle a été endommagée au cours de l’année écoulée. »
Les appels à la purge de Taeb sont apparus dans un climat croissant de méfiance au sein du pouvoir iranien après qu’un commandant supérieur des Gardiens de la révolution, le général de brigade Ali Nasiri, ait été secrètement arrêté sur des allégations d’espionnage pour Israël.
La détention du général Nasiri est intervenue deux mois après l’arrestation de plusieurs dizaines d’employés du programme de développement de missiles du ministère de la Défense, soupçonnés d’avoir divulgué à Israël des informations militaires classifiées, notamment des plans de conception de missiles, selon un responsable iranien.
Au cours de l’année écoulée, Israël est accusé d’avoir intensifié la portée et la fréquence de ses attaques à l’intérieur de l’Iran, notamment contre les sites nucléaires et militaires que l’organisation de Taeb était chargée de protéger.
Un responsable israélien aurait déclaré, sous couverture d’anonymat, qu’une partie de la stratégie consistait à exposer les échecs des Gardiens de la révolution dans leur guerre secrète contre Israël, dans l’espoir de créer un conflit entre les dirigeants politiques et l’establishment de la Défense et du Renseignement iranien. On peut douter qu’un responsable israélien a fait cette déclaration. En revanche, le conflit interne a bel et bien eu lieu.
Le réseau d’espionnage israélien est soupçonné de s’être infiltré profondément dans les rangs des cercles de sécurité iraniens, ont affirmé des responsables iraniens, et l’ancien ministre iranien du Renseignement a averti l’année dernière que les responsables devaient craindre pour leur vie, selon les médias iraniens.
Des agents israéliens sont soupçonnés d’avoir commis des assassinats à l’aide de robots télécommandés, de fusillades en voiture, d’avoir fait voler des drones dans des installations nucléaires et de missiles sensibles, et d’avoir enlevé et interrogé un agent des Gardiens de la révolution en Iran. Téhéran soupçonne également Israël d’avoir tué deux de ses scientifiques en mai.
M. Taeb a été nommé à la tête des services de renseignement des Gardiens de la révolution en 2009, à la suite des troubles survenus dans tout le pays après des élections présidentielles contestées. Il avait auparavant été chef des bassidjis, une milice en civil connue pour attaquer et parfois tuer des manifestants.
Taeb a appliqué des mesures de répression systématiques avec une brutalité qui a fait passer les services de renseignement d’une obscure unité de sécurité à l’opération d’espionnage la plus redoutée du pays.
Taeb, allié de confiance du guide suprême iranien, Ali Khamenei, a assigné à résidence des dirigeants de l’opposition, démantelé de nombreux groupes de la société civile, arrêté des militants et des personnes ayant la double nationalité et enlevé des dissidents dans les pays voisins. Dans au moins un cas, l’un des dissidents a été exécuté après avoir été renvoyé de force en Iran. Dans une vidéo à la gloire de Taeb publiée cette semaine par les gardiens de la révolution, ces actions sont citées parmi d’autres « réalisations ».
Plus récemment, M. Taeb a subi des pressions pour démanteler le réseau d’espions israéliens en Iran et pour riposter, selon un conseiller du gouvernement.
Le général Nasiri, qui a été arrêté en juin, était un commandant supérieur de l’unité de protection de l’information des Gardiens de la révolution, chargée de superviser et de contrôler le travail de l’organisation.
Son arrestation, combinée aux attaques répétées d’Israël, a ébranlé les dirigeants de Téhéran, selon les responsables iraniens. Certains ont commencé à demander discrètement la démission de Taeb ou son renvoi, ont-ils ajouté.
Taeb a demandé à rester un an de plus à son poste pour corriger les failles de sécurité, a déclaré la personne affiliée aux Gardes.
Puis vint le complot visant à cibler des Israéliens en Turquie
- Le 18 juin, un responsable des services de renseignement israéliens a déclaré aux médias que le Mossad pensait que l’Iran préparait des attaques contre des touristes et des citoyens israéliens.
- Le quartier général du contre-terrorisme israélien a porté son niveau d’alerte pour la Turquie au plus haut niveau.
- Il a demandé aux Israéliens de ne pas voyager en Turquie.
- Israël avait informé la Turquie et partagé des informations montrant que Taeb était à l’origine du complot, qui, selon lui, était une riposte à l’assassinat, en mai, du colonel Sayad Khodayee, commandant adjoint d’une autre unité secrète des Gardiens de la révolution.
- Saeed Khatibzadeh, porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, a déclaré la semaine dernière que les allégations d’Israël selon lesquelles Téhéran avait prévu d’attaquer des Israéliens en Turquie étaient « ridicules » et « un scénario préparé d’avance pour nuire aux relations entre deux pays musulmans ».
- Cependant, la Turquie a découvert la cellule terroriste et arrêté cinq Iraniens et trois ressortissants turcs soupçonnés d’avoir été impliqués dans le complot, saisissant deux pistolets, deux silencieux et des documents et du matériel numérique contenant les identités et les adresses de personnes figurant sur la liste des cibles, ont rapporté les médias turcs.
Le Premier ministre israélien, M. Bennett, a déclaré la semaine dernière que « la coopération se déroule à tous les niveaux » avec la Turquie et qu’elle a donné des résultats. Lors d’une conférence de presse tenue jeudi avec Yair Lapid, son homologue israélien, le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a déclaré que la Turquie ne tolérerait pas les « règlements de comptes » et les « attaques terroristes » sur son sol.
Effet boomerang
La crise a poussé la Turquie, un allié régional clé pour Téhéran, plus près du camp israélien. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, était en Turquie lundi pour une réunion avec le président Recep Tayyip Erdogan et Cavusoglu afin de discuter de la crise.
Certains législateurs conservateurs iraniens ont déclaré aux médias que le remplacement de M. Taeb n’avait rien d’extraordinaire et que son mandat était simplement arrivé à son terme. Mais l’un d’entre eux a déclaré sur Twitter que la révocation de M. Taeb était l’une des plus importantes de l’histoire de l’Iran.
M. Taeb a été remplacé par le général Mohammad Kazemi, l’actuel chef de l’unité de protection de l’information des Gardiens de la révolution. M. Taeb a été déplacé vers un rôle consultatif auprès du commandant en chef des Gardiens de la révolution et non auprès de l’ayatollah Khamenei, ce qui aurait été plus typique pour l’un des proches confidents de l’ayatollah.
- Samedi dernier, l’Iran a également remplacé le chef d’une unité des Gardiens de la révolution qui assure la sécurité de l’ayatollah Khamenei et de sa famille,
- Lundi, un nouveau chef de l’unité de protection de l’information des Gardiens a été annoncé.
- Selon les analystes, d’autres remaniements de hauts commandants sont attendus.
© Equipe de rédaction Israel247.org.
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Source : https://english.aawsat.com