Hamas et la fraternité arabe

Un petit drame se déroule en ce moment dans la bande de Gaza.

Hors d’Israël, il n’intéresse personne, et les nombreux correspondants de presse stationnés à Jérusalem se gardent bien d’en parler. C’est que le sujet est délicat. Il concerne la santé d’un arabe, et plus précisément d’un bédouin. Selon le Hamas, l’homme est pratiquement entre la vie et la mort, tenu en vie grâce à un masque à oxygène et la perfusion d’une matière inconnue. Les hôpitaux de Gaza, mal équipés, ne peuvent lui accorder les soins urgents dont il a besoin.

On sait que le Hamas, cette organisation terroriste qui a chassé l’Autorité palestinienne dans un coup sanglant en 2007, détourne la plus grande partie d’une aide internationale qui se chiffre en millions de dollars, pour la consacrer à l’effort de guerre contre Israël, et accessoirement au bien-être de ses dirigeants et de leurs enfants, dont la plupart font leurs études à l’étranger.

Mais revenons à Hisham al-Sayed, c’est le nom de ce malheureux.

Les hôpitaux israéliens, sollicités par la Croix Rouge ou directement par un hôpital de Gaza, refusent rarement d’accueillir un malade qui a besoin de leur aide. D’ailleurs, malgré leurs discours de haine, les dirigeants du Hamas eux-mêmes ne se privent pas d’envoyer leurs proches se faire soigner chez « l’ennemi sioniste». Ainsi, par exemple, le mari de la sœur d’Ismail Hanniyeh a été transporté en urgence à l’hôpital Beilinson en 2011.

Alors pourquoi pas Hisham al-Sayed ? D’autant que ce bédouin de 34 ans, originaire du Néguev où il a grandi avec ses huit frères et sœurs, a la nationalité israélienne.

Il a franchi la frontière de son plein gré dans des circonstances peu claires en 2015. Il est vrai que dès 2010, ses médecins avaient conclu qu’il souffrait d’un «trouble mental grave» ; le diagnostic final de son état mental en 2013 avait révélé qu’il s’agissait de « schizophrénie ». D’ailleurs il avait plusieurs fois tenté de passer en Jordanie et en Egypte ; lorsqu’il réussissait, les autorités locales, au vu de son état mental, le remettaient aux autorités israéliennes.

Non seulement le Hamas n’a rien fait de tel, mais il a refusé pendant huit longues années de donner la moindre nouvelle de leur captif et de son état de santé à sa famille. Ajoutons que la Croix Rouge n’a pas été autorisée à le voir.

Pour les dirigeants de Gaza, Hisham al-Sayed n’était pas un bédouin, un frère arabe affligé par le sort, qui avait besoin de leur sollicitude vu son état. Non. Pour eux, il avait une carte d’identité israélienne ? Eh bien, pourquoi ne pas faire de lui un otage de plus ? Ils en ont d’autres : Avera Mengistu, citoyen israélien né en Ethiopie, et les restes de deux officiers tués en 2014.

En contrepartie, ils exigent la libération de milliers de terroristes emprisonnés en Israël pour des crimes de sang. Après tout, pour le soldat Shalit, ça avait marché, non ? Un calcul qui s’est avéré inexact : plus de 15% des terroristes alors remis en liberté ont commis de nouveaux et meurtries attentats.

Israël est prêt à faire un geste, mais le maximum qu’il propose est loin du minimum demandé par le Hamas. Lequel préfère voir son frère arabe mourir faute de soins, que de le rendre sans contrepartie.

© Michèle Mazel pour Israël 24 7.org

Michèle Mazel est diplômée de Sciences-Po et licenciée en Droit, et a été boursière Fullbright en science politique. Pendant plus de trente ans, elle a accompagné de par le monde son mari, le diplomate Zvi Mazel, qui fut notamment ambassadeur d’Israël en Egypte, en Roumanie et en Suède. Elle en a tiré la matière de nombreux ouvrages – thrillers et romans. Elle contribue régulièrement à plusieurs organes de presse.

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