Gantz fixe « jusqu’au 8 juin » à Netanyahu pour obéir à ses ordres

Bref. Gantz est frustré.

Il a donc fixé publiquement 6 objectifs, 6 ultimatums, que le cabinet de guerre doit adopter.

Et il a même imposé un délai au Premier ministre Binyamin Netanyahu – jusqu’au 8 juin – pour obtempérer, après quoi le camp étatique se retirera du cabinet de guerre.

Voici les objectifs exigés par Gantz :

  1. Le retour des personnes enlevées,
  2. le renversement du pouvoir du Hamas, en plus de la démobilisation de la bande de Gaza et de la garantie du contrôle de sécurité israélien,
  3. l’établissement d’une administration américano-européenne-arabe-palestinienne qui administrera civilement la bande et jettera les bases d’une future alternative « qui n’est ni le Hamas, ni Mahmoud Abbas ».
  1. le retour des habitants du nord dans leurs foyers d’ici le 1er septembre et la réhabilitation du Néguev occidental,
  2. la promotion de la normalisation avec l’Arabie saoudite [donc la création d’un Etat palestinien], dans le cadre d’une démarche globale qui créera une alliance avec le monde libre et les pays arabes contre l’Iran , et enfin
  3. l’adoption un plan de service qui aura pour résultat que tous les Israéliens serviront l’État et contribueront à l’effort national suprême.

1 Le ministre Benny Gantz, je le rappelle, n’a pas été élu par les Israéliens pour diriger le pays. Je le précise, parce qu’à lire mes confrères ce matin, ils donnent l’impression de l’avoir oublié, et font comme si Gantz avait non seulement droit à la parole, mais que le gouvernement, le pays, devait se conformer à ses décisions. A moins que la presse ne croit plus en la démocratie, qu’elle considère les élections et le pouvoir souverain du peuple comme moins importants que ses considérations, et qu’elle juge qu’un politicien est de facto le dirigeant du pays si elle le juge plus compétent que le dirigeant en place, fut-il régulièrement élu.

2 Gantz est frustré parce que le cabinet de guerre n’obéit pas à ses ordres, que les membres ne se rangent pas à ses opinions, et que les décisions qui sont prises par consensus lors des discussions du cabinet de guerre ne lui plaisent pas. En fait, c’est le concept même de réunion d’un cabinet de guerre qui lui déplaît : à quoi sert un cabinet de guerre puisqu’il a la vérité en lui.

Frustré, il a donc décidé de régler le problème publiquement.

3 Comme Il est un homme sage, il se fiche qu’on soit en plein milieu d’une guerre. Le fait d’étaler sur la place publique les débats du cabinet de guerre, lesquels sont jusqu’à présent gardés secrets pour des raisons évidentes, il s’en moque : ce qui compte, c’est ce qu’il décide. C’est qu’on obéisse. Après tout, c’est un militaire, un haut gradé, et un militaire doivent être obéis par les civils, ce n’est pas très compliqué à comprendre.

4 Défier publiquement le cabinet de guerre projette auprès de l’ennemi, auprès de l’Iran qui tire les manettes, une image dangereuse, celle d’un pays déchiré, vulnérable, qui se délite. Mais Gantz a trop d’égo pour s’embarrasser de ce genre de considérations secondaires : sa volonté passe avant, et le pays doit l’entendre. Gantz a trop d’égo pour se rendre compte qu’il provoque une onde de choc dangereuse auprès de l’ennemi, qui voit un gouvernement incapable de leadership, un gouvernement divisé, faible, indécis qui ne sait plus quoi faire.

5 Aveuglé par sa propre importance, Gantz ne voit pas qu’il accomplit exactement l’inverse de l’objectif qu’il a fixé. Imposer un ultimatum au Premier ministre va avoir un effet catastrophique sur les négociations pour la libération des otages, car il indique à Sinwar qu’il doit s’armer de patience, puisque ce cabinet, ce gouvernement va imploser. Sinwar voit qu’il a tout à gagner à attendre, à ne pas négocier, à ne pas libérer les otages : Israël est sur le point de se désagréger de l’intérieur. Cela a commencé, puisque la tête du pays en guerre, le gouvernement, le cabinet de guerre, le centre de commande des opérations, éclatent déjà.

© Jean-Patrick Grumberg pour Israël24 7.org

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