Deux cartes postales antisémites allemandes historiques, datant de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle, utilisent la satire et la caricature pour dépeindre les Juifs sous un jour négatif, dans le contexte de l’émigration juive en Palestine.
Aujourd’hui, elles racontent une toute autre histoire…
Première carte postale :
- Le texte en haut à gauche indique « Im 19ten Jahrhundert » (Au 19e siècle).
- Le texte en haut à droite indique « Anno 430 », en référence à l’Exode biblique.
- L’image établit un parallèle entre l’Exode biblique (« La migration juive à travers la mer Rouge ») et l’émigration juive vers la Palestine au XIXe siècle.
- Le cercle en médaillon montre une scène à un comptoir avec des hommes portant des vêtements juifs traditionnels, qui s’occupent peut-être d’argent ou de billets pour l’émigration.
- En bas à gauche, un panneau directionnel indique « Nach Palästina » (vers la Palestine).
- Les bulles contiennent du dialecte allemand yiddish, qui pourrait être une moquerie des modes d’expression juifs.
- L’imagerie et les traits exagérés reflètent les tropes antisémites de l’époque.
Deuxième carte postale :
- Le titre « Die Zukunft » signifie « L’avenir ».
- Un panneau indique « Nach Palästina », faisant à nouveau référence à la migration juive vers la Palestine.
- La scène montre des caricatures juives stéréotypées traversant une frontière, expulsées ou partant pour la Palestine.
- De nombreux personnages sont dessinés avec des traits de visage exagérés, un trait commun à l’imagerie antisémite.
- Certains individus semblent vendre des bibelots ou se livrer à des activités commerciales – encore un trope antisémite.
- Le personnage à l’extrême gauche, probablement un soldat allemand, supervise le processus.
- Plusieurs éléments suggèrent un ton moqueur à l’égard de la migration juive et des aspirations à une patrie.
A l’époque, ces cartes postales reflétaient les attitudes antisémites largement répandues en Europe, en particulier en Allemagne, à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. C’est l’époque où le sionisme gagne du terrain et où de nombreux Juifs européens émigrent en Palestine ottomane pour échapper aux persécutions. Les antisémites ont souvent ridiculisé ce mouvement, dépeignant les Juifs comme des êtres cupides, malhonnêtes ou indésirables.
- Soutien antisémite au sionisme
- Les antisémites européens ont soutenu la migration des Juifs vers la Palestine, non pas parce qu’ils croyaient dans le droit à l’autodétermination des Juifs, mais parce qu’ils voulaient que les Juifs « retourner chez eux » et quittent l’Europe. C’est ce qu’on appelle le « sionisme antisémite » ou le « sionisme de transfert ».
- Les antisémites allemands et autrichiens soutenaient que les Juifs devaient « retourner » en Palestine. Ils considéraient l’Europe comme une terre chrétienne où les Juifs n’avaient pas leur place.
- Reconnaissance des liens historiques et religieux des Juifs avec la Palestine ottomane
- Même dans ces représentations moqueuses, il y a une reconnaissance implicite des liens historiques entre les Juifs et la terre d’Israël.
- La première carte postale relie explicitement l’émigration juive à l’Exode biblique, confirmant que les Juifs ont des racines anciennes dans le pays.
- La Palestine ottomane, une destination connue des Juifs
- À la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, l’émigration juive vers la Palestine ottomane s’intensifie en raison des mouvements sionistes et de l’antisémitisme européen.
- Même ceux qui s’opposaient à l’intégration des Juifs dans la société européenne reconnaissaient que la Palestine était un lieu réaliste pour l’installation des Juifs.
- Ces cartes postales remettent en cause le récit du « peuple palestinien ».
- Elles reconnaissent la présence juive et les migrations juives vers la Palestine
- Les cartes postales montrent des Juifs se dirigeant « Nach Palästina » (vers la Palestine), ce qui implique que la Palestine était considérée comme une destination juive bien avant la création de l’État moderne d’Israël.
- Elles reconnaissent implicitement les revendications historiques des Juifs
- La première carte postale établit une comparaison directe entre la migration juive du XIXe siècle et l’Exode biblique, renforçant ainsi l’idée que les Juifs ne sont pas de nouveaux arrivants, mais qu’ils reviennent sur la terre de leurs ancêtres.
- Cela contredit les récits palestiniens modernes qui prétendent être le peuple indigène sur cette terre.
- Ils montrent que la Palestine n’était pas universellement considérée comme une terre arabe.
- À l’époque où ces cartes postales ont été réalisées, la Palestine était sous domination ottomane et n’était pas considérée comme un État-nation arabe.
- Bien que des Arabes aient vécu sur ces terres, l’idée d’une propriété arabe, exclusive ou pas, n’avait pas émergé en tant qu’idéologie politique.
Un grand cadeau aux juifs contemporains
- Reconnaissance du lien des Juifs avec la terre d’Israël
En décrivant la migration juive vers la Palestine comme un « retour » (même sur le ton de la dérision), ces cartes postales renforcent l’idée que les Juifs ont des liens historiques et religieux avec la terre.
La référence à l’Exode biblique dans la première carte postale renforce encore ce lien, impliquant que les Juifs ne sont pas étrangers à la terre mais qu’ils y ont des racines profondes. - La Palestine, une destination reconnue pour les Juifs
Les cartes postales montrent explicitement des Juifs se rendant « Nach Palästina » (en Palestine), ce qui suggère que même au XIXe siècle et au début du XXe siècle, les antisémites reconnaissaient largement que la Palestine était la destination logique pour les Juifs.
Cela met à mal l’affirmation ultérieure des nationalistes arabes selon laquelle la migration juive vers la Palestine était un projet colonial purement européen, sans justification historique.
Et cela détruit le narratif que l’Etat d’Israël est la conséquence de l’holocauste. - Aucune mention de la Palestine en tant que terre arabe
Ces cartes postales ont été créées à une époque où la région était sous domination ottomane et où la Palestine n’était pas un État arabe indépendant, encore moins pour la création d’un Etat palestinien.
Les caricatures se concentrent entièrement sur la migration juive et les attitudes européennes, sans présenter la Palestine comme une terre historiquement arabe. - Les débuts du sionisme et l’absence d’une identité nationale « palestinienne » distincte
À l’époque où ces cartes postales ont été produites, le nationalisme arabe en était encore à ses balbutiements et il n’existait pas de mouvement généralisé réclamant une nation palestinienne. Les arabes n’avaient aucune vue sur la région.
Conclusion :
- Si ces cartes postales antisémites étaient destinées à ridiculiser les Juifs, elles renforcent involontairement l’idée que même ceux qui détestaient les Juifs en Europe reconnaissaient la Palestine comme la patrie des Juifs, qu’ils le veuillent ou non.
- Leur volonté d’y envoyer des Juifs, bien qu’enracinée dans la bigoterie, s’aligne ironiquement sur les premiers objectifs du sionisme.
- Ces cartes postales confirment la réalité historique selon laquelle la Palestine était largement considérée comme une patrie juive, même par ceux qui n’aimaient pas les Juifs.
- Tout ceci contredit les affirmations modernes selon lesquelles les Juifs n’avaient aucun droit historique sur la Terre sainte ou que leur migration était une intrusion coloniale étrangère.
Ainsi, ces cartes postales remettent en question l’affirmation nationaliste palestinienne moderne selon laquelle les Arabes sont les propriétaires historiques de la Palestine. Déjà au XIXe siècle et au début du XXe siècle, la Palestine était reconnue comme la destination logique et historique pour les Juifs – pas pour les Arabes.
Alors que les récits palestiniens modernes affirment que les Juifs n’ont pas de liens légitimes avec la Palestine, ces cartes postales historiques dénoncent un mensonge soigneusement entretenu par les antisémites d’aujourd’hui, et racontent une histoire très différente.
© Jean-Patrick Grumberg pour Israël 24 7.org