Australie : Un rythme implacable de haine antisémite


Fern Sidman est rédactrice en chef des nouvelles à Jewish Voice. Voici son récit :

Dans la longue histoire de l’image multiculturelle de l’Australie, la nation s’est toujours enorgueillie de sa tolérance, de son harmonie civique et de la confiance tranquille d’une société largement isolée des expressions les plus laides de la haine antisémite qui ont marqué d’autres régions du monde. Cependant, depuis le 7 octobre 2023, cette auto-perception s’érode à un rythme inquiétant.

Une succession alarmante d’incidents antisémites, croissant en fréquence, en gravité et en audacité, expose une réalité que les Australiens juifs signalaient à des oreilles sourdes depuis des années : l’antisémitisme n’est plus latent, codé ou marginal. Il est effronté, normalisé et de plus en plus violent. Ce qui a commencé par des chants appelant à l’extermination des juifs et la destruction d’Israël a métastasé en incendies criminels, menaces et finalement meurtres de masse.

La chronologie n’est plus anecdotique ; elle est la preuve. Ensemble, ces incidents forment non pas une collection aléatoire de crimes, mais un schéma cohérent, racontant une histoire de radicalisation, d’échec institutionnel et du péril moral d’une société qui hésite trop longtemps à confronter la haine lorsqu’elle est encore « seulement » rhétorique.

La période post-7 octobre a commencé par un moment qui aurait dû choquer la conscience nationale

Ce moment a marqué une rupture psychologique. Il signalait aux extrémistes que les limites du discours acceptable avaient changé. Ce qui a suivi, avec une prévisibilité glaçante, était une escalade.

En octobre 2024, le rythme s’est accéléré

Pour les Australiens juifs, ce fut un moment de reconnaissance amère : le schéma familier de l’histoire européenne se répétait. D’abord les mots. Puis les graffitis. Ensuite les incendies.

Le 21 novembre 2024, la violence s’était infiltrée dans la vie résidentielle

La nouvelle année n’a apporté aucun répit

Ce ne furent pas des crimes de passion. Ce furent des actes d’intimidation destinés à instiller la peur, à forcer la dissimulation, à amener les Australiens juifs à se demander s’il était sûr de vivre ouvertement en tant que Juifs dans leur propre pays.

À la mi-2025, la trajectoire était devenue indiscutable

Tout au long de cette période, un refrain familier résonnait dans le discours public : que l’augmentation de l’antisémitisme était un sous-produit malheureux mais compréhensible de la colère suscitée par les événements au Moyen-Orient.

La chronologie démolit cet argument. Les Juifs étaient visés dans des synagogues, des écoles, des centres de garde d’enfants, des hôpitaux, des restaurants, des maisons et pendant des célébrations, des lieux sans aucun lien concevable avec la politique étrangère. Des slogans de l’Holocauste étaient chantés. Des croix gammées étaient dessinées. Des enfants étaient menacés. Des patients étaient pris pour cibles.

Ce n’était jamais une question de frontières ou de diplomatie. C’était une question de Juifs

L’histoire enseigne que l’antisémitisme se drape souvent dans le langage de la politique, mais son impulsion essentielle reste constante : la déshumanisation des Juifs en tant que collectif.

L’Australie confronte désormais les conséquences d’avoir trop longtemps cédé à cette masquerade. La leçon de cette chronologie est brûlante. La haine ne s’autocorrige pas. Lorsque l’antisémitisme est rationalisé, minimisé ou traité comme une préoccupation secondaire, il s’intensifie. Les mots deviennent des menaces. Les menaces deviennent des incendies. Les incendies deviennent des meurtres.

L’Australie se trouve maintenant à un carrefour familier pour de nombreuses sociétés avant elle. La question n’est plus de savoir si l’antisémitisme existe sur son sol ; la preuve est irréfutable. La question est de savoir si la nation possède la clarté morale et la volonté politique de le confronter de manière décisive avant que la prochaine date soit ajoutée à la liste. Pour les Australiens juifs, le coût du retard a déjà été mesuré en peur, traumatisme et vies perdues. Pour le pays dans son ensemble, le coût de l’inaction pourrait bien s’avérer encore plus élevé.

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