Ephraim Demri1: “L’establishment judiciaire, mu par sa haine de Nétanyahou et prêt à tout sacrifier pour lui porter atteinte”
L’affaire des soldats de Sdé Teiman, injustement accusés d’avoir “violé” un terroriste du 7-Octobre par le procureur militaire, expose au grand jour les turpitudes de l’establishment judiciaire israélien, mu par son idéologie post-sioniste et par sa haine abyssale contre Nétanyahou.
J’ai interviewé il y a quelques mois l’avocat Ephraim Demri, qui représente les soldats injustement poursuivis, pour Israël Magazine. Dans les lignes suivantes, il explique les dessous de l’affaire.
Ma rencontre avec Me Ephraim Demri se déroule dans les salons de l’hôtel du Théâtre à Jérusalem. Il a beaucoup fait parler de lui ces derniers mois, étant au cœur de nombreuses affaires très médiatisées qui ont défrayé la chronique. Celle des soldats de Sde Teiman, accusés à tort d’avoir “violé” un terroriste arabe du 7-Octobre, ou celle du “Meraguel”, le mystérieux espion arrêté au cœur d’une base ultrasecrète de Tsahal quelques semaines après le 7-Octobre, dans des circonstances mystérieuses.
Homme affable et volubile, il a grandi à Tibériade, au sein d’une famille juive tunisienne passée par Marseille, avant de “monter” en Israël en 1958. Son cabinet s’occupe de droit pénal et a notamment défendu le rabbin Eliezer Berland, ou des escrocs franco-israéliens dont il préfère ne pas donner le nom. Sa clientèle comporte aussi des hommes politiques de tous bords. Nous évoquons tout d’abord l’affaire des soldats poursuivis pour “violences” contre des terroristes du Hamas.
Pierre Lurçat : Comment trouvez-vous le temps de défendre pro bono des soldats de Tsahal ?
Ephraim Demri : Les soldats passent avant tout. Si un soldat me téléphone maintenant et qu’il a besoin d’être défendu, je quitte tout pour m’occuper de lui. Lorsque la femme d’un des soldats arrêtés à Sde Teiman est venue me voir, elle m’a dit qu’elle voulait que je sois son avocat. J’ai représenté cinq des dix soldats interpellés. Deux ont été inculpés.
P.L. Tous les soldats ont été libérés depuis ?
E.D. Oui. Cinq soldats ont été accusés de violences sexuelles envers des terroristes du 7-Octobre. Par la suite il s’est avéré que le film vidéo qui les incriminait était fabriqué…
P.L. Au début, le tribunal pensait que le film était authentique ?
E.D. Oui, et je vais vous expliquer pourquoi. Les juges militaires font confiance au procureur militaire, car 90 pour cent d’entre eux viennent du cabinet du procureur militaire. Ils partent du présupposé que ce que dit le procureur est vrai. Durant l’arrestation d’un des soldats, le représentant du procureur a expliqué qu’il détenait des preuves confidentielles. Les parents du soldat se sont approchés de moi et m’ont montré le film qui venait d’être diffusé à la télévision ! J’ai montré le film aux soldats, qui m’ont immédiatement dit que c’était un faux. J’ai demandé au juge d’ouvrir une enquête pour savoir comment cet élément de preuve soi-disant confidentiel avait été transmis aux médias… Or les principaux suspects sont les enquêteurs et les membres du cabinet du procureur militaire eux-mêmes !
P.L. Ce film a été diffusé dans le monde entier ?
E.D. Oui. Il a causé un préjudice incalculable à l’Etat d’Israël, à Tsahal et aux Juifs du monde entier.
P.L. Dans quel but a-t-il été diffusé ?
E.D. L’objectif était de plaire au tribunal de La Haye, à Biden, etc.
P.L. Il s’agissait en fait de se protéger eux-mêmes ?
E.D. Au moment de l’arrestation des soldats à Sde Teiman, le pays tout entier était en ébullition, y compris des gens de gauche qui ont des enfants dans l’armée et sont venus manifester avec nous. Au tribunal militaire de Bet Lid également. La justice militaire a compris qu’elle avait un problème, car elle était en train de perdre le soutien du public. La justice militaire et le procureur devaient justifier ces mesures très impopulaires. C’est la raison pour laquelle le film a été diffusé !
P.L. C’est eux qui l’ont diffusé ?
E.D. Il ne pouvait provenir que de l’intérieur de la justice militaire… Il est parvenu uniquement à la chaîne 12.
P.L. Ayala Hasson est la seule journaliste qui a dénoncé ce film comme étant fabriqué ?
E.D. Oui, la seule ! Elle a affirmé qu’on poursuivait nos soldats sur la base d’un “fake”. Nos soldats ont été qualifiés de violeurs. Dès le premier jour, j’ai déclaré que les soldats étaient innocents. J’ai engagé des procédures pour diffamation contre Guy Peled et contre Kan.
© Pierre Lurçat pour Israël 24/7
(Extrait de mon nouveau livre, Jusqu’à la victoire ! La plus longue guerre d’Israël. Editions l’éléphant, disponible sur Amazon)
Avec ses chroniques et avec ce livre, Pierre Lurçat a véritablement cherché à « penser l’événement » : face à la réalité nouvelle du 7 octobre, mettre en question plusieurs notions héritées qui en entravent la compréhension et empêchent d’y faire face, mettre en place un nouvel appareil intellectuel et spirituel.
Jacques Dewitte
Une lecture passionnante, qui tient à la fois du journal intime et de la philosophie politique.
Daniel Horowitz
- Ephraim Demri est avocat inscrit au barreau israélien et se présente comme francophone, ce qui lui permet d’intervenir pour des clients français ou résidant en France. Demri est intervenu publiquement comme avocat des soldats dans l’affaire du camp de détention de Sde Teiman. ↩︎


Compliments à cet Avocat franco israelien qui a eu le courage de lutter contre la désinformation et a permis de sauver les soldats injustement incriminés.
Merci Mr Lurçat pour votre compte rendu.
Bonne soirée