L’assassinat d’al-Arouri est un coup très dur pour le Hamas. Moralement, et stratégiquement. Il est le plus haut dirigeant du Hamas à avoir été tué depuis l’attaque terroriste du 7 octobre. C’est pourquoi Ismail Haniyeh a d’abord tenté d’ignorer, puis de minimiser son élimination.
Déroulement des opérations
Mardi soir vers 18 h, une explosion ciblée s’est produite au cœur du quartier Da’aheh à Beyrouth.
Si Israël est responsable de l’opération, qui porte sa signature en raison de la précision chirurgicale de l’explosion, de la « haute-qualité » des personnes ciblées : trois responsables du Hamas, et d’une capacité unique à intervenir aussi profondément dans un pays hostile, alors je dis brave et j’applaudis des deux mains.
Israël a des informations précises, détaillées et en temps réel sur ce qui se passe au Liban. Et s’il est l’auteur de ce nettoyage, il a été fait sans pratiquement aucun dommages collatéraux.
Rapidement, les médias libanais affirment qu’un drone israélien a attaqué un bureau du Hamas. Puis l’on apprend qu’Hussal Saleh al-Arouri, l’adjoint du chef du Hamas, a été éliminé avec trois de ses compagnons, dont Samir Findi et Azzam Al-Aqraa.
שלושת המחוסלים בדאחיה: עארורי, אבו עאמר ועזאם אל-אקרע. העיקר קפצו פה לדווח על ח'ליל אל-חיה ואוסאמה חמדאן שחוסלו pic.twitter.com/9XUnlHvqLC
— roi kais • روعي كايس • רועי קייס (@kaisos1987) January 2, 2024
Vers 20h, le porte-parole du Premier ministre israélien pour les médias étrangers a déclaré qu’Israël n’assumait pas la responsabilité de l’assassinat d’al-Arouri.
L’élimination de cet important terroriste a déclenché une suite d’événements en cascade
- La grève générale a été annoncée à Yosh et dans la bande de Gaza
- Le dollar a bondi face au shekel
- Le Premier ministre du Liban a accusé Israël et déclaré : « l’assassinat d’al-Aaruri est un crime israélien dont le but est d’intensifier le conflit ».
- Un haut-responsable américain a déclaré au Washington Post, sous couvert d’anonymat (pourquoi ?) : « Israël est responsable de l’assassinat de Beyrouth »
- Partout en Israël, la police a déclenché un niveau de vigilance accru
- Le Hamas a annoncé le « gel des négociations sur l’accord sur les enlèvements »
- La réunion du cabinet politico-sécuritaire israélien a été annulée
- Un communiqué du Qatar indique que l’Égypte a cessé de négocier l’accord en réponse à l’assassinat d’al-Arouri
- Le président français Macron s’est entretenu avec Gantz et il a « appelé Israël à éviter l’escalade »
- Un haut responsable américain a déclaré que l’élimination d’al-Arouri « devrait retarder les négociations sur un accord d’otages »
- L’Iran a condamné l’assassinat « ignoble » d’Arouri et affirmé qu’il déclenchera une nouvelle vague de « résistance » contre Israël.
- Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanaani, a condamné l’assassinat « ignoble » par Israël du chef adjoint du Hamas :
« Le sang de ce martyr va sans aucun doute provoquer une nouvelle poussée dans les veines de la résistance et motiver la lutte contre l’occupant sioniste, non seulement en Palestine, mais aussi dans la région et parmi tous les défenseurs de la liberté dans le monde entier », a déclaré M. Kanaani.
- Un peu avant 21h00, le porte-parole de Tsahal, dans un point presse, a évoqué les événements de la journée, et sans faire la moindre référence à l’élimination d’al-Arouri, il a cependant envoyé un message subliminal au Hezbollah et au Liban :
« Nous sommes à un niveau élevé de préparation et concentrés sur la lutte contre le Hamas ».
Le Hezbollah a cependant annoncé que « l’assassinat d’Arouri par Israël ne resterait pas sans réponse ». Dans un communiqué, le groupe terroriste lié à l’Iran a déclaré :
« Nous affirmons que ce crime ne restera jamais sans réponse ni châtiment », affirmant que ses combattants se tiennent prêts à riposter.
« Dieu tout-puissant a conclu la carrière de ce grand leader avec les plus hautes médailles d’honneur et de dignité, et il a obtenu le martyre qu’il avait longtemps recherché et désiré », a ajouté le Hezbollah.
- Le Front populaire de libération de la Palestine a publié une déclaration où il pleure la disparition du chef adjoint du Hamas.
Le Front populaire de libération de la Palestine pleure le chef adjoint du Hamas Saleh al-Arouri. pic.twitter.com/NSOOJpPgwN
&mdash ; Joe Truzman (@JoeTruzman) 2 janvier 2024
Le groupe terroriste a également qualifié l’attaque israélienne présumée de « grave atteinte au Liban, à son peuple, à sa sécurité et à sa souveraineté… et de développement dangereux dans le cours de la guerre entre l’ennemi et l’axe de la résistance ».
Sous le choc, réaction tardive du Hamas
A 21h15, Ismael Haniyeh, le chef du Hamas, réagit pour la première fois à l’assassinat de son adjoint : « Son assassinat n’affectera pas la révolution »
Si Israël est responsable de l’attaque, il n’a pas alerté les États-Unis
Israël n’a pas prévenu les États-Unis d’une frappe à Beyrouth, selon le site d’information Walla, qui cite deux responsables américains anonymes. Un fonctionnaire israélien, lui aussi anonyme, a confirmé qu’Israël n’a pas prévenu les États-Unis, mais qu’il a informé l’administration Biden alors que l’attaque était en cours.
Qui était Arouri
Âgé de 57 ans, Arouri était l’un des hommes les plus recherchés du Moyen-Orient. Il entretenait des liens étroits avec le Corps des gardiens de la révolution iranienne et le Hezbollah, ce qui lui permettait d’être la personne de référence au sein du Hamas pour la coordination militaire avec le Hezbollah et la force Quds de l’Iran.
Il a travaillé en étroite collaboration avec Qassem Soleimani, le tristement célèbre chef de la Force Qods du CGRI, la branche des opérations spéciales du CGRI qui soutient, finance et dirige le réseau des milices soutenues par l’Iran au Moyen-Orient, et a été éliminé par le président Trump.
Al-Arouri est originaire d’un village près de Ramallah. Il a participé à la fondation de l’aile militaire du Hamas, les Brigades Izz ad-Din al-Qassam. Il a passé 15 ans dans une prison israélienne avant d’être expulsé vers la Jordanie en 2010. Peu après, il a été expulsé vers la Syrie, mais a dû partir pour la Turquie en raison de la rupture entre le Hamas et le régime d’Assad.
Pendant son séjour en Turquie, al-Arouri a établi le siège de la Judée Samarie du Hamas, qui est chargé de recruter des agents et de planifier des attaques contre des soldats et des civils israéliens.
L’une de ces attaques a été l’enlèvement et le meurtre de trois adolescents israéliens en 2014, qui a conduit à une guerre de 51 jours à Gaza.
En 2015, les États-Unis ont désigné al-Arouri comme un « terroriste mondial spécialement désigné » et ils offrent depuis des années une récompense de 5 millions de dollars pour toute information menant à sa capture.
« Je n’ai pas peur de leurs menaces de me tuer… J’ai déjà vécu plus que prévu. J’ai l’impression d’avoir dépassé l’âge auquel je devais mourir….. Quand je mourrai en martyr, je m’en réjouirai », a déclaré al-Arouri lors d’une interview sur la chaîne de télévision al-Aqsa du Hamas en août dernier. Ses vœux ont été exaucés.
Al-Arouri a été une cible pour Israël pendant des années, mais il a hésité à essayer de le tuer à Istanbul et plus tard à Beyrouth afin de ne pas nuire aux relations avec la Turquie et d’éviter de provoquer le Hezbollah pour qu’il déclenche une guerre, ont déclaré des responsables israéliens.
Mais après l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre, Israël a compris ses nombreuses erreurs et s’est préparé à prendre plus de risques.
Le chef de l’agence de renseignement Shin Bet, Ronen Bar, a déclaré en novembre que l’attaque du 7 octobre était « notre Munich », faisant référence à l’attaque terroriste des Jeux olympiques de 1972, lorsque des membres de « Septembre noir » ont tué près d’une douzaine d’athlètes israéliens. Dans les années qui ont suivi cet attentat, l’agence d’espionnage israélienne Mossad a assassiné de nombreux membres et dirigeants de l’organisation.
Mardi soir, la sœur d’Al-Arouri a déclaré : « Le martyre était un rêve qu’il a toujours poursuivi ».
Ben alors, pourquoi veulent-ils venger sa mort, au lieu de remercier Israël ?
L’information la plus grave aujourd’hui est la confirmation par un responsable américain anonyme qu’Israel est à l’origine de l’attaque. Personne n’en doutait, mais le silence d’Israel permettait au Hezb de bafouiller sans trop réagir. L’annonce américaine le met en situation de devoir riposter un peu plus fermement, même si c’est voué à l’échec et revient à sacrifier de ses hommes, pour ne pas perdre la face, a fortiori sous le regard du Grand Satan américain. C’est la même tactique infernale qui avait cours sous Obama à propos des frappes en Syrie : Bachar était poussé à aller faire une escarmouche, ce qui mettait la frontière avec Israel sous tension. Si en surface Biden et Bliken paraissent de velours, ce qui arrive-là est bien la continuation de la politique d’Obama bien décrite par (encore elle) Caroline Glick.
Bonne année à I247, avec un coucou spécial à JPG que je lis et apprécie depuis super longtemps. Meilleurs voeux aux lecteurs, et triomphe pour Israel.