Initialement publié le 2 juillet 2017 @ 15h35
« C’est important que la communauté juive sache que les racines de la France ont pris naissance dans le judaïsme et non pas dans la chrétienté » -Vicky F.
Ma chère Vicky,
Faut-il encore abonder dans le sens de ce qu’il n’y a plus lieu de démontrer tant la France est imbibée, tout au long de son histoire heureuse ou tragique et dans genèse, d’un judaïsme vivace ? La disparition de la « Femme du siècle », Simone Veil, ne résume-t-elle pas à elle seule l’esprit du judaïsme et le destin hors du commun du peuple juif ?
Quoi qu’il en soit et malgré la fatigue de travail qui m’accable tant la charge psychologique de l’antisémitisme est prégnante au quotidien, je vais essayer de te répondre par ces quelques réflexions.
Dans le langage archéologique, on appelle « artefact » un objet façonné par l’homme et qui est découvert à l’occasion de fouilles.
- Au musée judéo-comtadin de Cavaillon se trouve la lampe d’Orgon, datant du Ier siècle avant J.C et ornée d’un (double ?) chandelier à sept branches, la Ménorah d’Israël, et confirmant ainsi la présence de juifs en Gaule un siècle avant la Diaspora consécutive à la Destruction du Deuxième Temple de Jérusalem en 70 après.
Orgon est une commune française située dans le département des Bouches-du-Rhône et cette lampe n’y fut découverte qu’en 1967.
Au risque de déplaire à nos amis les Gaulois et à feu Goscinny (un juif) et de briser le mythe de nos ancêtres les Gaulois, la Gaule ou plutôt les Gaules s’étendaient du Rhin jusqu’aux Pyrénées et se composaient de tribus indépendantes celtes, mais aussi ibères ou encore germaniques.
Mais, la Gaule qui nous intéresse ici est la partie méditerranéenne, appelée Province, car première province de Rome sur le plan chronologique (Provincia Gallia Narbonensis -123) et dont la Capitale était Narbonne.
Ma chère Vicky, l’histoire est tellement complexe et peu connue que l’on peut en perdre la raison tellement le mensonge se répand et se propage pour tenter de devenir une vérité, à Dieu ne plaise. Bref…
Si le premier « juif célèbre » ayant vécu en Gaule, exilé en 6 après à Vienne par Auguste ou Octave fils adoptif de César, fut le cruel ethnarque Archélaos, fils d’Hérode le Grand, et si le « malheureux Vercingétorix » combattit au 1er siècle avant avec ses milliers de soldats juifs esséniens et que le « brave César » fût pleuré à ses funérailles par ces Juifs reconnaissants d’avoir pu relever les murs de Jérusalem abattus par Pompée, c’est Narbonne qui doit retenir toute notre attention, car c’est dans ce lieu que se sont tramés des faits historiques d’une grande importance dans l’histoire des racines juives de la France.
Au 8e siècle après Jésus Christ, Pépin III, dit le Bref, troisième fils de Charles Martel, roi des Francs, y fonde une seigneurie juive, dont Narbonne est la capitale avec à sa tête, Makhir Natronai ben Habibi le Resh Galuta adoubé du nom de Théodoric Ier de Septimanie et descendant présumé du roi des rois David, car la « Narbonnaise » était également appelée « Septimanie ».
Comme le savait certainement feu Georges Frêche, ce grand homme à la gouaille redoutable qui a fait de Montpellier une métropole incontournable et qui était obsédé à l’idée de rayer l’appellation « Languedoc-Roussillon » de la carte de France pour y substituer celui de « Septimanie », le royaume juif de Septimanie, tenaillé entre Francs et Maures, ne fut pas un mythe, car il était vaste et comprenait les importantes villes de Narbonne, de Béziers, de Carcassonne et de Toulouse et joua un rôle majeur dans l’histoire de la France médiévale.
Makhir le sage de Babylone, Makhir le vassal, Makhir le Carolingien par mariage mixte, combattit les Maures aux côtés du futur Charlemagne, flanqué de son étendard à l’effigie du Lyon de Judah.
Mais avant de refermer les oubliettes de l’histoire, ma très chère Vicky, il faut que tu saches que les racines juives de la France sont définitivement gravées dans le cœur de la République française, au sein même de son « crédo », Liberté, Égalité, Fraternité, trois principes d’une devise qui plonge ses racines dans l’éphéméride juive et la Thora.
En effet, un cinquième des esclaves hébreux, et ceux qui les suivirent pour saisir en toute hâte la Liberté afin de s’échapper des « barreaux de la prison » d’Égypte à Pessah, se sont dirigés vers le Mont Sinaï pour recevoir la Loi à Chavouoth dans un esprit d’Égalité pour chaque homme et chaque femme et dans le respect de leurs devoirs pour enfin célébrer la Fraternité avec tous les autres peuples dans les tentes de Souccoth puis dans le Temple de Jérusalem.
Voilà, j’espère avoir répondu un peu à ton interrogation qui, je le reconnais m’a donné le tournis.
Je pose la plume et je vais faire une promenade bien méritée.
Très affectueusement,
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Frank Khalifa.
Certaines personnes ont le courage de parler de racines judéo-chrétiennes mais de là à évoquer les racines Juives de France et non chrétiennes, cela donne le tournis en effet.
Mais les Juifs n’ont jamais eu l’idée de revendiquer car pour eux ça toujours été « l’an prochain à Jérusalem “ et ce de génération en génération quelque soit le pays où l’on se trouve
Mais la Vérité rien que la Vérité, c’est mieux
Mais les antisemites préfèrent nous faire taire et donc nous humilier
Mais Israël est le pays Juif et le seul malgré l’amputation de ses territoires. Mais les dirigeants de ce Monde continuent à toujours le remettre en question!!!
Alors ne rêvons pas pour seulement oser dire “les racines judéo-chrétiennes de la France”
Quels gros racismes!!!!
Merci Monsieur Frank Khalifa.
Cette nouvelle publication de l’article ci dessus fait écho à l’initiative prise récemment par Paul Salmona ( directeur du Musée d’art et du judaîsme à Paris) qui vient de coopérer à la parution d’une « Archéologie du judaIsme en Europe » grâce à laquelle nous apprenons qu’en particulier en France , outre les quelques villes connues depuis longtemps pour les vestiges d’une ancienne présence juive, certains cimetières juifs ont été découverts à Chateauroux ou à Manosque . Etude interessante.
Bon dimanche à tous.
Fin du commentaire ci dessus : Etude publiée aux Editions du CNRS.
Un commentaire de Gally lors de la parution de 2017 sur Dreuz, suite à ce commentaire : « La sœur de Makir, Berthe (ou Bertrade de Laon), connue sous le nom de Berthe aux grands pieds, épousa le fils de Charles Martel, Pépin le Bref, et devint la mère de Charlemagne qui, lui »…
Réaction de Gally : Bertrade de Laon, communément connue sous le nom de Berthe au grand pied (au singulier) n’était pas la fille de Makir mais du comte Caribert de Laon, lui-même fils de Bertrade de Prüm, cofondatrice du monastère de Prüm
Aujourd’hui, la France est devenue un pays arabe. Ce sera bientôt le tour de l’Angleterre