Le soldat se souvient d’avoir crié « Arrêtez ou je tire », en vain ; l’armée tente d’établir si Fitoussi était venu en renfort, pensant que les coups de feu visaient un suspect.
Le soldat de Tsahal qui a abattu son camarade lors d’un tragique accident, cette semaine, explique avoir suivi la politique de tir en tirant dans un premier temps en l’air. Il aurait continué à se sentir menacé par l’homme, qu’il croyait être un suspect, qui courait dans sa direction, selon une information communiquée mardi.
Le sergent-chef Natan Fitoussi, 20 ans, a été abattu par un camarade de la brigade Kfir, lundi soir, après avoir, semble-t-il, été confondu avec un intrus, à son retour au poste de garde, le long de la barrière de sécurité de Cisjordanie, à proximité de la ville palestinienne de Tulkarem.
Selon l’enquête préliminaire de Tsahal, le soldat auteur des coups de feu aurait respecté les procédures de tir à ciel ouvert. Selon ces règles, le suspect doit faire l’objet d’une mise en garde verbale initiale le sommant de s’arrêter ; cette mise en garde est suivie par un tir d’avertissement. Les soldats ne sont autorisés à ouvrir le feu que s’ils considèrent que le suspect représente une menace mortelle.
Fitoussi avait fait savoir à ses camarades du poste de garde dans lequel il se trouvait, près de la ville palestinienne de Tulkarem, à proximité de la barrière de sécurité de Cisjordanie, qu’il allait prier et qu’il reviendrait rapidement. Mais à son retour, l’un de ses camarades « a ouvert le feu en sa direction après s’être plié à la procédure en vigueur comprenant notamment un tir d’avertissement et un tir dans les jambes », a expliqué Ran Kochav, porte-parole de l’armée, au micro de la station de radio Kan, dans la matinée de mardi.
Les deux hommes se trouvaient à plusieurs mètres de distance l’un de l’autre au moment de l’accident, ont révélé les investigations.
Fitoussi a été atteint par deux balles et il reste encore indéterminé pourquoi il a pu être considéré comme une menace.
Mardi soir, la Douzième chaîne a publié ce qu’elle a présenté comme un témoignage de l’auteur des tirs.
« J’ai identifié un suspect, et j’ai crié plusieurs fois ‘Qui êtes-vous ? Arrêtez ou je tire », se souvient-il. « Je n’ai entendu aucune réponse et j’ai tiré en l’air à deux reprises. La silhouette suspecte a continué à s’avancer en courant dans ma direction : j’ai alors tiré quatre à six balles en mode semi-automatique pour neutraliser la menace.
L’enquête tente de déterminer comment le tragique malentendu a pu se produire, pourquoi le tireur a identifié Fitoussi comme suspect alors qu’il savait que Fitoussi était parti prier et devait revenir, et pourquoi Fitoussi ne s’est pas arrêté ou ne s’est pas identifié, en réponse aux sommations de son camarade.
L’information donnée mardi, qui ne cite aucune source, indique que l’une des explications possibles, en cours d’investigation, est que Fitoussi a pensé que les cris de son camarade s’adressaient à un suspect et a couru lui prêter main forte.
Une autre question en cours d’investigation consiste à déterminer pour quelle raison le premier réflexe a été de penser qu’il s’agissait d’une attaque terroriste, amenant de nombreux soldats à pourchasser des hommes armés, en pure perte.
L’armée israélienne a en effet commencé par évoquer une fusillade et, selon les médias palestiniens, les soldats se sont lancés à la recherche d’hommes armés à Tulkarem. Assez rapidement, un responsable de l’armée a déclaré que l’accident avait sans doute été causé par un tir ami.
Les parents de Fitoussi n’en veulent pas au soldat qui a abattu leur fils, a déclaré mardi à la presse un ami de la famille.
« La famille n’a aucune colère à l’encontre du soldat qui a tiré sur Natan. Non seulement elle n’est pas en colère mais elle compatit et je n’ai aucun doute sur le fait que les parents de Natan voudront le rencontrer » a déclaré un proche du père du soldat décédé.
« Le père est dentiste. Ils ont trois filles… Natan était leur seul fils. Ils ont tout laissé en France pour venir s’installer en Israël », a-t-il ajouté.
Fitoussi a été inhumé au cimetière militaire de Netanya mardi soir.
L’enquête initiale a été menée par le chef d’État-major de Tsahal, Aviv Kohavi, avec le chef du Commandement central, le général Yehuda Fuchs et d’autres responsables militaires.
Le porte-parole de Tsahal, Kochav, a déclaré que le soldat auteur des tirs coopérait pleinement à l’enquête en cours. « Nous allons prendre soin de lui, et essayer de comprendre ce qui lui est passé par la tête et comment cette tragique méprise a pu avoir lieu », a-t-il déclaré.
L’avocat général militaire a publié une déclaration au nom du soldat, affirmant qu’il avait « suivi les ordres et les instructions ».
« Il s’agit d’un événement tragique regrettable, au cours duquel le meilleur ami de notre client a perdu la vie. Il souhaite adresser ses sincères condoléances à la famille », indique le communiqué.
« Notre client a participé toute la nuit à l’enquête sur les circonstances précises de l’accident. Dorénavant, on va lui demander de témoigner. Tout ce que l’on peut dire à l’heure actuelle, alors que l’enquête suit son cours, c’est que le soldat a suivi les ordres et les instructions », a ajouté l’avocat général.
Selon la radio militaire, Tsahal a chargé un officier de suivre et accompagner l’auteur des tirs, afin « de l’aider à faire face à l’accident ».
Au début de l’année, deux militaires appartenant à une unité de commando ont été tués dans un incident similaire, survenu dans la Vallée du Jourdain, en Cisjordanie.
Emanuel Fabian a contribué à la rédaction de cet article.
© Equipe de rédaction Israel247.org.
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Source : Timesofisrael