René Hadjadj, 89 ans, tailleur à la retraite et figure discrète de la communauté juive lyonnaise, a été assassiné le 17 mai 2022 par un voisin, Rachid Kheniche. Il va enfin affronter la justice.
Trois ans et demi après avoir étranglé puis jeté du 17ᵉ étage de son immeuble de la Duchère le vieil homme surnommé « Tonton René », son voisin Rachid Kheniche répondra de ses actes devant la cour d’assises du Rhône.
L’enquête avait d’abord écarté la piste antisémite, sans grande surprise : de nombreux juges rechignent à punir durement les coupables, ils préfèrent protéger les minorités, qu’ils considèrent comme les vraies victimes d’une société raciste et islamophobe.
Mais les deux comptes X du suspect ont parlé : l’un d’eux distillait une haine obsessionnelle des Juifs, mêlée de théories complotistes et de références islamistes. Preuve irréfutable, la circonstance aggravante d’antisémitisme a finalement été retenue.
A qui doit-on d’avoir fouillé et découvert ces propos de haine sur les réseaux sociaux ? A une association discrète, mais efficace, « CHAR », association Contre la Haine, l’Antisémitisme, le Racisme, et le groupe Collectif des Vigilants son organe opérationnel.
CHAR est très efficace, car il agit loin des juifs de Cour, loin des couloirs du pouvoir, et il ne sert pas la soupe réchauffée du président Macron, avec son « amitié » pour Israël (à condition qu’il soit divisé en deux Etats), sa « lutte implacable » contre l’antisémitisme (à condition qu’on ne dénonce pas l’extrême gauche et les islamistes), et son accréditation de serviteurs obéissants aux postes de « surveillance » contre l’antisémitisme. CHAR n’est pas une association politique, c’est essentiel. Ils traquent les antisémites partout où ils sont, et refusent de ne regarder qu’à droite et à l’extrême droite pour les dénicher, contrairement aux officines de gauche qui portent les œillères de la bien-pensance et ne touchent pas à leur camp.
Dès les premières heures, avec le Collectif des Vigilants, ils étaient sur le pont avec les journalistes Sarah Cattan et Noémie Halioua, traquant les faits, alertant sur ce qui puait le déni judiciaire dans cette affaire. La police avait osé balayer la piste antisémite d’un revers de manche, murmurant « déséquilibré » comme un refrain éculé. Mais les preuves numériques qu’ils ont découvertes ont forcé la main de la main justice.
C.H.A.R. s’est constitué partie civile. En février prochain, la justice devra regarder en face ce que certains voudraient encore qualifier de « simple conflit de voisinage ». Pour René Hadjadj, ce sera peut-être, enfin, la fin du silence.
Des associations juives en vue tireront la couverture à eux. CHAR n’en a cure. Discrets, ils ne cherchent pas la gloire, mais la traque. D’ailleurs ils ne seront peut-être pas très contents que je leur fasse tant de publicité.
© Jean-Patrick Grumberg pour Israël 24/7.org

