Traduction par Magali Marc de l’article de Gidon Ben-Zvi, paru sur le site d’Honest Reporting, le 16 février.
***************************
Les médias sont suspendus aux lèvres d’AOC… sauf quand il s’agit d’Israël.
La Représentante au Congrès américain, Alexandria Ocasio-Cortez (AOC) est un phénomène médiatique : elle a 12,8 millions de followers sur Twitter, 1,8 million d’amis sur Facebook, 8,5 millions de followers sur Instagram. Même si elle est relativement nouvelle en politique, son élection à un second mandat à la Chambre des Représentants a fait l’objet de reportages dans le monde entier. Elle a également fait la couverture de nombreuses publications, dont les magazines TIME et Vanity Fair.
Mme Ocasio-Cortez, une socialiste du Parti Démocrate qui représente certaines parties du Bronx et de Queens, a exploité cette notoriété afin d’augmenter son impact politique.
Par exemple: elle a recueilli plus d’argent pour sa campagne de réélection que n’importe quel autre Démocrate de la Chambre – y compris la présidente de la Chambre Nancy Pelosi.
Pourtant, malgré toute l’attention que les médias lui portent, ils détournent le regard lorsqu’il s’agit de ses opinions déconcertantes concernant Israël.
AOC a défendu le commentaire de Mark Lamont Hill dans « De la rivière à la mer »
Plusieurs incidents récents, presque exclusivement couverts par des sites d’information juifs, ont soulevé la question de savoir si Alexandria Ocasio-Cortez a un problème avec Israël.
Par exemple, Jewish Insider a rapporté le 14 février qu’AOC a décrit le licenciement de Marc Lamont Hill de CNN en 2018 – après qu’il ait appelé à une « Palestine libre du fleuve [Jourdain] à la mer [Méditerranée] » devant les Nations unies – comme étant un exemple de «Cancel Culture» (culture d’annulation) :
« Marc Lamont Hill a été renvoyé [de CNN] pour avoir discuté d’une question concernant les Palestiniens, assez sommairement. Il n’y a pas eu de discussion à ce sujet, pas d’engagement, pas de discours réfléchi, juste de simples accusations. »
Pour mémoire, lors de son discours, M. Hill a déclaré :
« Nous avons l’occasion de ne pas nous contenter d’offrir une solidarité en paroles, mais de nous engager dans une action politique, une action de base, une action locale et une action internationale qui nous donnera ce que la justice exige, à savoir une Palestine libre du fleuve [Jourdain] à la mer [Méditerranée]. »
En fait, M. Hill a demandé le démantèlement d’Israël, ses mots faisaient écho à ceux inclus dans la charte fondatrice de l’organisation terroriste Hamas basée à Gaza, qui s’est engagée à détruire l’État juif.
Pourtant, si l’interview d’AOC a été publiée dans le New Yorker, sa défense de Marc Lamont Hill a été largement ignorée par les médias grand public.
Selon AOC : Israël enferme les enfants palestiniens dans des cages
Ensuite, la Représentante Ocasio-Cortez a déclaré, lors d’un rassemblement cette semaine, organisé afin d’appuyer l’élection de candidats gauchistes au Congrès, que les défenseurs pro-palestiniens sont réduits au silence et ignorés par les médias :
« Avec les médias, avec tous ces trucs, Palestine est essentiellement un mot interdit. C’est censuré. Nous n’en parlons pas. Personne n’en sait rien… Nous devrions être en mesure d’en parler. Et nous ne devrions pas permettre que l’humanité des gens soit censurée. »
Pourtant, le statut actuel de la «Palestine» n’est pas celui d’un État souverain, comme en témoignent les dirigeants palestiniens qui eux-mêmes l’ont dit.
Tandis qu’AOC parle de «censure de l’humanité», dans notre article ( Honest Reporting, le 3 octobre 2021) intitulé « Même si vous le voulez, cela reste un rêve : New York Times, il n’y a pas de ‘Palestine‘ », nous avons noté qu’il existe une voie vers l’autonomie palestinienne. À ce jour, cependant, les dirigeants palestiniens n’ont pas respecté les obligations découlant des accords d’Oslo qui, si elles étaient remplies, accéléreraient le processus d’indépendance. (https://honestreporting.com/even-if-you-will-it-it-remains-a-dream-new-york-times-there-is-no-palestine/)
Lors du même événement, Mme Ocasio-Cortez a comparé la situation des Palestiniens aux immigrants sans papiers détenus à la frontière sud de l’Amérique, en déclarant :
« Je ne crois pas qu’un enfant devrait être tenu en cage à notre frontière et je ne crois pas qu’un enfant devrait être tenu en cage dans la Westbank »
AOC ignore manifestement que, depuis la signature des accords d’Oslo au milieu des années 1990, qui ont conduit à la création de l’Autorité palestinienne (AP), Ramallah – et non Jérusalem – gouverne quelque 95 % des Arabes vivant en Judée Samarie. En se trompant sur les faits et en suggérant qu’Israël est un violateur des droits de l’homme, elle minimise effectivement la véritable détresse du peuple palestinien aux mains d’une AP de plus en plus autoritaire.
Selon un membre du personnel d’AOC : Israël est un « ethno-état européen raciste ».
Ensuite, il y a le fait que la Représentante Ocasio-Cortez compte dans son personnel une personne qui a calomnié Israël à plusieurs reprises sur les médias sociaux. Hussain Altamimi a rejoint le bureau d’AOC en novembre 2021 en tant qu’assistant législatif.
En décembre, Altamimi a ciblé Israël dans une story Instagram, qualifiant l’allié clé des États-Unis au Moyen-Orient d’« ethno-état européen raciste », ajoutant :
« Cela révèle le principe qui sous-tend l’apartheid israélien : il ne s’agit pas de savoir où vous êtes né. Il s’agit de savoir si vous êtes juif ou non-juif. Votre appartenance ethnique détermine vos droits [et] votre niveau dans la hiérarchie raciale. »
La référence à l’apartheid est révélatrice, puisque Mme Ocasio-Cortez, en mai 2021, a qualifié Israël d’État d’apartheid dans un tweet qui a recueilli 275 000 likes – un post que certains ont marqué comme étant un tournant dans sa critique croissante de l’État juif :
En réalité, l’apartheid était une période de ségrégation et de racisme institutionnalisé en Afrique du Sud, de la fin des années 1940 aux années 1990. Ce concept ne s’applique pas du tout à Israël. La discrimination légale, sanctionnée par l’État, qui est la définition même de l’apartheid, est non seulement absente d’Israël, mais elle est activement combattue par les lois et le système judiciaire israéliens.
L’État juif est en fait un pays où les Arabes sont juges à la Cour suprême, pilotes de chasse, membres de la Knesset, artistes, athlètes ; tout ce que font les Israéliens.
AOC s’est excusée de ne pas avoir voté contre le droit d’Israël de se défendre
La seule fois notable où AOC ne s’est pas rangée du côté des anti-israéliens au Congrès, elle s’est excusée.
En octobre, la Représentante Ocasio-Cortez s’est excusée auprès de ses électeurs pour sa décision de revenir sur son vote contre l’octroi d’un milliard de dollars de nouveaux fonds pour le système de défense antimissile israélien Iron Dome, suggérant qu’elle l’avait fait après avoir été soumise à un «ciblage haineux» pour s’y être opposée.
Elle était l’un des deux membres qui ont voté « présent » lorsque la mesure visant à aider Israël à remplacer les intercepteurs de missiles a été massivement adoptée par la Chambre par un vote de 420 contre 9. On l’a vue pleurer après avoir changé son vote de « non » à « présent ».
Auparavant, elle avait soumis un amendement au projet de loi annuel sur les dépenses de défense des États-Unis afin de bloquer la vente de munitions à guidage de précision à Israël. Elle a expliqué dans un tweet que cela était dû au fait qu’Israël « …bombarde des civils palestiniens [et] des centres de médias. »
Les systèmes d’armes en question ont pourtant permis à Israël de réduire considérablement le nombre de décès de civils à Gaza lors du conflit initié par le Hamas en mai.
Reportage sélectif des médias : y a-t-il dissimulation du problème israélien d’AOC ?
Le bon journalisme repose sur la capacité de discerner entre le style et la substance.
Cependant, en ce qui concerne AOC, les médias ne racontent pas toute l’histoire. Une recherche poussée de Honest Reporting a révélé qu’entre le 16 septembre 2021 et le 16 février 2022, « Alexandria Ocasio-Cortez » est apparue 1 550 fois dans des articles produits par 23 grandes publications – dont le New York Times, le Washington Post, la BBC, CNN et le Los Angeles Times. Cela représente, en moyenne, 10 mentions par jour.
En revanche, les articles présentant « Alexandria Ocasio-Cortez » en rapport avec « Israël » sont apparus 86 fois au cours de la même période.
Cela représente, en moyenne, 1 mention par jour.
La Représentante Ocasio-Cortez est une politicienne montante dont l’influence grandit chaque jour. Ses commentaires sur des questions politiques allant de l’économie américaine au Moyen-Orient ont du poids. À ce titre, les principaux organes de presse sont tenus de rendre compte de ses commentaires et de ses actions vis-à-vis d’Israël et de les dénoncer.
© Traduction et adaptation, Magali Marc pour Israël 24/7.org
Source: https://honestreporting.com/media-hang-on-aocs-every-word-except-when-it-comes-to-israel/