Les Palestiniens craignent une « guerre civile » entre factions, entre clans, entre bandes rivales, alors qu’une atmosphère étouffante d’anarchie croissante traverse la société arabe, explique le journaliste palestinien Khaled Abu Toameh dans le Jerusalem Post.
Voici la traduction de son article, avec des informations qu’un journaliste juif, ou occidental, aurait des difficultés à récolter.
Les Palestiniens craignent une « guerre civile » dans un climat d’anarchie croissante
Ces derniers jours, quatre universités ont été fermées en raison de violents affrontements sur les campus entre étudiants et clans rivaux (en avez-vous entendu parler au JT du soir ?).
Des accusations selon lesquelles l’Autorité palestinienne n’en fait pas assez pour faire respecter la loi et l’ordre, alors que les scènes d’anarchie et de violence se multiplient dans certaines parties de la Cisjordanie, se sont fait entendre mercredi dernier.
- Des civils palestiniens ont prévenu que la violence pourrait conduire à une « guerre civile », notamment entre les grands clans et les bandes armées à Hébron et dans le nord de la Judée Samarie.
- L’université Al-Quds à Abu Dis, au sud de Jérusalem, a fermé ses portes après que des hommes masqués venus du village voisin d’Al-Sawahreh ont ouvert le feu sur des voitures appartenant à des étudiants et à des professeurs. La fusillade est liée à un différend concernant un parking près de l’université.
- L’université de Bir Zeit, au nord de Ramallah, a fermé ses portes à la suite de violents affrontements entre des étudiants appartenant à des groupes rivaux affiliés au Fatah.
- Mardi, l’université d’Hébron et l’université polytechnique de Palestine ont fermé après que de violentes bagarres ont éclaté entre des étudiants appartenant à des clans rivaux.
- En outre, des dizaines de maisons, d’entreprises et de magasins ont été incendiés, notamment à Hébron, où des hommes armés masqués se livrent à des combats de rue depuis une semaine.
La plupart des hommes armés appartiennent aux clans Ja’bari et Al-Awaiwi/Abu Eisheh.
« La situation à Hébron est très dangereuse », a déclaré Abdel Wahab Gheith, un chef de l’un des plus grands clans d’Hébron. « Nous tenons l’Autorité palestinienne responsable du chaos sécuritaire à Hébron ».
Gheith a souligné que le Premier ministre de l’AP, Mohammad Shtayyeh, qui s’est rendu à Hébron le mois dernier, a promis de déployer des centaines de policiers dans la ville pour maintenir l’ordre public.
« L’Autorité palestinienne a envoyé 500 officiers à Hébron et la situation a été calme pendant près d’un mois », a déclaré Gheith. « Nous avons cessé d’entendre des coups de feu la nuit. Mais nous avons été surpris de voir que les officiers ont ensuite été redéployés dans la région de Jénine. »
Les officiers ont été envoyés à Hébron après une réunion d’urgence du cabinet de l’AP à Hébron pour discuter des moyens de mettre fin aux affrontements violents entre clans rivaux.
En début de semaine, les combats entre les clans Ja’bari et Al-Awaiwi/Abu Eisheh ont repris.
- Au moins quatre personnes ont été blessées.
- Selon des sources de la ville, plus de 20 maisons, véhicules et commerces ont été incendiés [NDLR Les véhicules incendiées, les Français connaissent bien, surtout le jour de l’An].
Les Ja’baris accusent un membre du clan rival d’être à l’origine du meurtre du chauffeur de taxi Basel Ja’bari il y a deux mois. Ils affirment que l’Autorité palestinienne n’a rien fait pour punir les coupables.
« Chaque nuit, des dizaines d’hommes armés échangent des coups de feu dans différents quartiers d’Hébron », a déclaré Haitham Rajabi, un homme d’affaires d’Hébron.
« Il n’y a aucune présence des forces de sécurité palestiniennes dans les rues. C’est le signe que l’Autorité palestinienne est soit incapable de contrôler la situation, soit qu’elle ne veut pas le faire. »
Ahmed Ja’bari, l’un des chefs de son clan, a affirmé que de nombreux tireurs et criminels sont affiliés à la faction Fatah de l’AP, au pouvoir.
« Le Fatah contrôle les forces de sécurité palestiniennes », a-t-il déclaré. « Cela signifie que les voyous et les criminels qui terrorisent les habitants d’Hébron la nuit sont les mêmes personnes qui font respecter la loi le jour. »
Selon Ja’bari, certaines des armes utilisées par les clans rivaux appartiennent aux forces de sécurité de l’AP.
Les chefs de certains clans d’Hébron ont fait appel au roi Abdallah pour envoyer des troupes jordaniennes dans la ville afin de mettre fin aux combats et à la violence, a révélé Ja’bari.
« En faisant appel au roi de Jordanie, nous essayons d’envoyer un message à l’Autorité palestinienne pour qu’elle intervienne immédiatement pour rétablir la loi et l’ordre », a-t-il ajouté.
« C’est un message qui vise à inciter les dirigeants palestiniens à se réveiller avant qu’il ne soit trop tard. Ce à quoi nous assistons ces jours-ci est une véritable guerre civile. »
La violence, quant à elle, s’est étendue à d’autres parties de la Judée, où les Palestiniens ont également accusé l’AP de ne pas faire respecter la loi et l’ordre.
- Plusieurs incidents ont eu lieu dans la région de Jénine, où le Hamas et le Jihad islamique palestinien (PIJ) sont très présents.
- Dans le village d’Al-Sileh Al-Harthiyeh, près de Jénine, des affrontements armés ont éclaté la semaine dernière entre des agents de sécurité de l’AP et des hommes armés non identifiés, ont indiqué des sources à Jénine, ajoutant qu’il n’y avait pas de victimes.
En début de semaine, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a licencié les commandants des forces de sécurité palestiniennes à Jénine. Cette décision est intervenue après que des milliers de Palestiniens, dont des hommes armés du Hamas et du PIJ, ont participé aux funérailles de Wasfi Kabaha, un haut responsable du Hamas décédé la semaine dernière du COVID-19.
La forte participation et la présence d’hommes armés masqués dans les rues de Jénine ont été considérées par de nombreux Palestiniens comme un défi direct à Abbas et aux dirigeants de l’AP. Les dirigeants du Hamas se sont vantés que la forte participation était le signe d’un soutien accru à leur groupe et à son idéologie en Judée.
Certains Palestiniens sont convaincus que l’AP n’est pas vraiment intéressée à prendre des mesures drastiques pour mettre fin à la violence.
« Tant que la violence ne sera pas dirigée contre l’Autorité palestinienne, vous ne verrez pas d’effort sérieux pour sévir contre les responsables de l’anarchie », a déclaré Emad Nasser, un habitant de Jénine.
« L’Autorité palestinienne sait qu’elle a les mains liées lorsque des clans composés de milliers de personnes choisissent de se battre entre eux. Il est beaucoup plus facile de s’en prendre à des individus qui commettent des vols à main armée et sont impliqués dans le trafic de drogue que de s’attirer des ennuis avec un clan important et puissant, dont les membres peuvent même occuper des postes à responsabilité au sein de l’Autorité palestinienne et de ses forces de sécurité. »
La Commission indépendante palestinienne des droits de l’homme (ICHR) a déclaré qu’elle considérait avec une grande inquiétude la récurrence des troubles et l’insécurité rampante à Hébron.
Le groupe a déclaré que des armes à feu et des mitrailleuses ont été utilisées lors des récents affrontements dans la ville et ses environs.
« Inscrits dans un contexte social profondément ancré et répondant à des valeurs de vengeance et au principe d’action et de réaction, ces événements regrettables doivent prendre fin », a déclaré l’ICHR dans un communiqué.
« Ils mettent gravement en péril le tissu social et la sécurité des communautés. Ces infractions portent également atteinte aux libertés et aux droits fondamentaux des citoyens, provoquent la destruction de biens, désavouent l’Etat de droit et légitiment la punition collective en prenant la loi entre ses propres mains. »
L’ICHR a appelé l’AP à prendre les mesures nécessaires pour protéger la vie et les biens des Palestiniens.
Elle lui a également demandé de faire respecter l’état de droit de manière juste et équitable, d’empêcher la prolifération des armes et de confisquer toutes les armes à feu illégales.
Ces tensions sous-tendent une autre question : à quel point, et à quel moment, déborderont-elles sur Israël, qui n’a rien demandé, et ses citoyens, qui seront sans aucun doute montrés du doigt comme responsables par les médias occidentaux.
© Equipe de rédaction Israel247.org.
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