La faiblesse de l’administration Biden a permis aux Houthis, un groupe relativement petit et pauvre, de prendre en otage une part significative du commerce mondial. Cette situation a eu des répercussions sur la sécurité maritime et les échanges internationaux, et les Occidentaux, beaux parleurs, n’ont rien fait pour les arrêter.
L’attaque ordonnée par le président Trump contre les Houthis envoie un message clair : l’ère du chantage de l’Iran touche à sa fin, et les autres acteurs du camp du mal observent, tétanisés. Si les Houthis sont maîtrisés, et ils vont l’être, cela aura des implications importantes pour l’Iran et son influence régionale, puisque ses autres bras armés, le Hezbollah et le Hamas, sont presque totalement décimés, qu’elle ne peut plus compter que sur les factions terroristes de Judée Samarie, et que pour l’instant, la Syrie est une terre totalement hostile qui a brisé l’axe chiite qui entourait Israël.
Cette nouvelle dynamique montre l’importance de la présence d’un dirigeant fort à la tête du pays qui domine le monde. Une fois encore, preuve est faite qu’avec un président faible, le camp du mal s’active et met en danger la stabilité politique et militaire dans la région et dans le monde.
La sécurité des voies maritimes va être rétablie. Et les otages ? Et le Hamas ? C’est là que les actions menées par l’administration Trump dérapent, piétinent, et accumulent erreur sur erreur.
Lorsque Donald Trump a directement menacé le Hamas, en affirmant que l’enfer allait s’abattre sur eux s’ils ne libéraient pas les otages, tous les otages, il a commis plusieurs erreurs.
- Pierre et le Loup.
Première erreur. Lorsque Donald Trump a menacé le Guatemala qui refusait d’accepter les avions qui lui rendaient ses clandestins, le président Trump a immédiatement pris des sanctions très sévères. Quelques heures plus tard, le Guatemala cédait. Lorsque Panama a tenté de tenir tête à Trump concernant la gestion du canal, concédé à la Chine contrairement aux accords, Trump a haussé le ton, Panama a immédiatement cédé. Pareil avec le Mexique pour la protection de la frontière contre l’immigration illégale, pareil avec le Canada.
Concernant Gaza, Trump a menacé. Une fois, deux fois, trois fois. C’était deux fois de trop. Les terroristes ont vu qu’aux menaces ne succédait aucune action, et ils ont cessé d’y croire.
- Israël en charge
Seconde erreur. Le président Trump a menacé le Hamas de déclencher l’enfer sur eux, mais presque simultanément, il a déclaré que c’est Israël qui décide des actions à prendre pour libérer les otages, et qu’il soutiendrait toute action que déciderait Israël : Ca ne tient pas debout. Soit il « déclenche l’enfer », soit Israël décide et il le soutient, c’est l’un ou l’autre, mais pas les deux.
- Le Yémen n’est pas Gaza
Troisième erreur. Le Yémen est un pays de grande taille (527 968 km², soit à peu près la taille de la France) avec une population d’environ 34 millions d’habitants, mais elle est peu peuplée en dehors des centres urbains comme Sanaa et Hodeidah, ce qui complique les opérations pour pourchasser les Houthis.
Les Houthis opèrent sur un terrain accidenté et montagneux dans le nord et l’ouest, ce qui complique les opérations terrestres visant à les traquer, d’autant que les Etats-Unis n’ont aucune présence sur place et aucun allié capable d’aller les chercher sur leur terrain. Les Houthis conservent toutefois des centres névralgiques identifiables, tels que des dépôts d’armes, des sites de lancement de missiles et des stations radars, situés dans des zones moins densément peuplées ou dans des installations portuaires comme Hodeidah.
Ils ont donc quelques centres névralgiques que les Etats-Unis peuvent frapper – c’est ce qui se passe depuis samedi dernier.
A l’inverse, Gaza est une petite région très habitée.
Gaza est une petite enclave densément peuplée (365 km², soit environ deux fois la taille de Washington, D.C.) qui compte environ 2,1 millions d’habitants en 2025 (oui, malgré les accusations de génocide relayées goulument par les médias et les groupes politiques de gauche, la population a progressé de plus de 2% en 2024). La densité de population est donc d’environ 5 750 personnes par km², contre 64 personnes par km² au Yémen. Des quartiers entiers, comme Jabalia ou Rafah, étaient remplis d’immeubles résidentiels, d’écoles et d’hôpitaux, que les combattants du Hamas utilisaient pour déclencher leurs opérations terroristes. Le Hamas est présent dans les zones civiles qu’il utilise comme bouclier humain.
Déclencher l’enfer, c’est à dire bombarder Gaza comme au Yémen est impossible sans déplacer les populations, les terroristes du Hamas le savent parfaitement. De plus, seule l’armée israélienne a aujourd’hui la connaissance du terrain pour intervenir contre les terroristes du Hamas et autres factions, et là encore, les dirigeants du Hamas, qui ont montré être assez intelligents pour tromper les hommes de gauche qui se trouvent à la tête de Tsahal et des services de renseignement israélien, n’ont eu aucun mal à réaliser que les menaces de Trump à leur encontre ne pouvaient matériellement pas être suivies d’effets. D’où leur rigidité totale dans les négociations sur les otages.
Conclusion
Lorsque Donald Trump est arrivé au pouvoir, il a tordu le bras du Premier ministre israélien et lui a demandé d’accepter ce que Netanyahou refusait depuis des mois : un cessez-le-feu, la libération de centaines de terroristes ayant du sang juif sur les mains, contre quelques otages. Trump avait compris que si Netanyahou avait échoué dans toutes ses promesses faites au début de la guerre, il n’existait aucune chance qu’il y parvienne, et il fallait enclencher une autre dynamique.
C’était douloureux, mais Trump avait raison. Pourquoi, vous demandez-vous ? Regardons la situation en face, sans NDS (syndrome de dérangement anti-Netanyahou ©Philippe Karsenty), et sans adoration aveugle « Rak Bibi »…
Après 15 mois de combats, aucun des quatre objectifs de la guerre que Netanyahou a annoncés n’a été réalisé.
- Il n’y a pas eu de récupération des otages,
- il n’y a pas eu de démantèlement du Hamas,
- il n’y a pas eu d’empêchement du Hamas de se reformer,
- Il n’y a pas eu de rétablissement de la sécurité pour les habitants de la région frontalière.
Netanyahou n’a pas atteint ses objectifs. Biden n’est plus là pour l’en empêcher. Trump lui a donné carte blanche. Netanyahou a adopté un changement radical et théoriquement efficace pour renverser la situation : plus d’aide humanitaire (il aurait dû le faire le 8 octobre – un camion d’eau contre un otage), plus d’électricité – il devrait couper aussi internet. Le Hamas s’en fiche, car ce n’est pas ce qui compte le plus pour lui. Ce qui compte, c’est « sa » terre et ses prisonniers.
Et maintenant, l’envoyé américain de Trump, Steve Witkoff, menace, peste, grogne, insulte… et n’a rien obtenu du Hamas, qui campe sur ses positions.
Je sais que la situation évolue, et évolue vite. Je sais que Trump est riche en ressources intellectuelles, que c’est un être exceptionnel comme on en rencontre qu’un dans une vie, et qu’il ne ressasse pas les clichés de la médiocre diplomatie mondiale. Je sais tout cela. Et je sais que Trump ne lâchera pas, même s’il a cédé devant la Jordanie et l’Egypte sur l’accueil des Gazaouis. Mais je m’interroge :
Le Hamas est-il trop petit pour Donald Trump, trop petit pour qu’il parvienne à l’écraser ?
© Jean-Patrick Grumberg pour Israël 24 7.org