Le Hamas a réussi à introduire clandestinement des parachutes et des moteurs dans la bande de Gaza, trompant une fois de plus les services de renseignement et l’armée israélienne. La direction de l’armée considérait la création de clubs sportifs de parachutisme et de parapente comme une évolution positive et un indicateur d’une amélioration du niveau de vie de Gaza, parce que la gauche qui formule les décisions stratégiques de Tsahal voulait croire en cette belle histoire, qui confirmait 40 ans de militantisme pro-palestinien et de culpabilité envers le « pauvre peuple palestinien ». Ainsi, l’idée s’est répandue que l’injection de fonds avait un effet positif et que, si le Hamas restait satisfait, il ne chercherait pas la guerre. Netanyahou a totalement accepté ce narratif et a donné son feu vert, contre l’avis des cadres plus à droite de son gouvernement et la droite de son parti, le Likoud.
En Israël, cette illusion, ce fatidique samedi matin 7 octobre, a été remplacée par la réalité, montrant clairement que la droite pragmatique avait raison depuis le 15 août 2005, quand Israël a mis en place son « plan de désengagement » – quittant Gaza, et que la gauche se trompait dans son approche théorique déconnectée de toute réalité dérangeante.
Lorsque l’air s’est déchiré entre le hurlement des sirènes et les explosions de roquettes, ce 7 octobre au petit matin, nous ne comprenions pas encore que cette gauche qui accumule les drames humains ajouterait à son triste palmarès 1 200 morts, des atrocités, des massacres, et 250 otages.
Après la première salve de roquettes, six paramoteurs et des mitrailleuses lourdes ont traversé la clôture. Pourquoi les batteries du Dôme de Fer ne les ont-elles pas intercepté ?
« Pour répondre à cette question », dit Nitzan Sadan1, « nous allons essayer de regarder l’événement du point de vue des équipes de défense aérienne dans les premiers instants de l’attaque : sous leurs yeux, les écrans se sont allumés à un niveau sans précédent, et la plus grande salve de missiles jamais lancée sur Israël a été lancée dans le ciel. »
Les paramoteurs du Hamas ont ainsi contourné le système de défense aérienne le plus intelligent du monde, offrant au Hamas un gain stratégique sans précédent, ajoute Sadan :
- Premier avantage : la possibilité d’opérer sans produire de signature de renseignement. Préparer l’envoi d’un parachute ou d’une mitrailleuse polyvalente ne nécessite pas de tracas logistiques majeurs ; Vous pouvez placer le moteur et la voile sous une bâche et décoller littéralement dans la minute qui suit la décision.
- Le deuxième avantage : la capacité d’effectuer des reconnaissances aériennes, dont Israël ne pensait pas que le Hamas disposait. Ce samedi matin là, le Hamas disposait d’une image très détaillée des forces et des activités de l’armée israélienne, et ses planeurs lui permettaient d’identifier les risques et les opportunités, et de dresser un tableau des cibles actualisé en temps réel.
- Troisième avantage : les planeurs ont permis aux combattants du Hamas d’établir un encerclement vertical, de contourner les obstacles tels que les murs, les clôtures, les points de contrôle et les portes fermées, et d’établir un contact de tir avec les forces israéliennes avant même l’arrivée de la principale vague d’attaques en provenance de la bande de Gaza.
- D’après l’analyse de Nitzan Sadan, parue sur Yedioth Ahronoth. ↩︎